Le Royaume-Uni a fait part de son hostilité à l’idée d’imposer des backdoors pour accéder aux données chiffrées. Néanmoins, Londres rappelle que les autorités doivent pouvoir quand même les consulter en cas de nécessité.

Au cours des derniers mois, le premier ministre britannique David Cameron s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une interdiction de toute communication privée au nom de la lutte contre le terrorisme. Dans un discours prononcé quelques jours après les attentats survenus en France en début d’année, le chef de file du parti conservateur affirmait que sa toute première responsabilité est d’assurer la sécurité du pays et de sa population coûte que coûte. Il déclarait alors :

« Dans notre pays, voulons-nous autoriser un moyen de communication entre les gens, que même dans les cas extrêmes et avec un mandat signé personnellement par le ministre de l’intérieur, nous ne puissions pas lire ? […] Allons-nous autoriser un système de communication où il n’est tout simplement pas possible de faire cela ? Ma réponse à cette question, c’est non, il ne faut pas le faire ».

Cette opinion, David Cameron l’a réaffirmée six mois plus tard, en appelant au passage les sociétés concernées à accroître leur coopération avec les autorités. «Nous devons examiner tous les nouveaux médias qui émergent et nous assurer que, dans chaque cas, nous sommes capables, en dernier recours et avec l’appui d’un mandat, d’aller au fond des choses pour voir ce qui s’y passe ».

PAS DE BACKDOOR IMPOSÉ

Cela étant, le gouvernement est visiblement hostile à l’idée de contraindre les sociétés et les développeurs à introduire des portes dérobées (« backdoors ») pour que les autorités puissent avoir un accès à des informations sensibles ou chiffrées. Pour Londres, il est hors de question de soutenir une approche qui affecterait la sécurité sur Internet ou qui pourrait être utilisée par des personnes malveillantes.

C’est ce qu’a indiqué Joanna Shields, qui occupe le poste de ministre pour la sécurité et la sûreté d’Internet. Dans un échange survenu mardi avec les députés de la Chambre des Lords, et rapporté par le site Beta News, elle a assuré que le gouvernement ne tenait pas à affaiblir les outils qui permettent de sécuriser au quotidien les communications privées et les transactions commerciales.

« L’exécutif reconnaît le rôle essentiel que joue un chiffrement puissant dans la protection des données personnelles, des discussions et des échanges. Il ne préconise pas ni n’exige la fourniture d’un backdoor, pas plus qu’il ne soutient un tel affaiblissement arbitraire de la sécurité des applications et des services. De tels outils menacent l’intégrité même d’Internet », a-t-elle déclaré.

MAIS UN ACCÈS EST REQUIS

Mais Joanna Shields a complété sa réponse en indiquant que « la législation actuelle exige des entreprises qu’elles fournissent un accès ciblé, sous réserve d’un mandat, aux communications de ceux qui cherchent à commettre un crime ou causer de graves dommages au Royaume-Uni ou à ses citoyens ». Les sociétés doivent donc prendre des dispositions techniques pour pouvoir déchiffrer en cas de besoin.

La posture qu’adopte le gouvernement britannique sur ce sujet est assez proche de celle défendue par la NSA et le FBI. Les directeurs des deux agences fédérales se disent contre les backdoors, préférant soutenir la mise en place d’un accès spécial et officiel, pour le compte des forces de l’ordre et de la justice, aux données chiffrées afin de pouvoir prévenir un méfait ou obtenir des preuves dans une affaire judiciaire.

En France, ces questions se posent aussi.  À l’Assemblée nationale, la député socialiste Marie-Françoise Bechtel a invité le gouvernement à « agir sur les données cryptées ». De son côté, le directeur de l’ANSSI Guillaume Poupard a estimé  « qu’à un moment, il faut être capable de déchiffrer », tandis que le procureur de Paris François Molins s’est lui aussi prononcé pour des limites au chiffrement.

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