Anonymat et campagnes électorales propres font rarement bon ménage. A Besançon, alors que des indices lourds la désignent, l'équipe de campagne du maire sortant a dû démentir être à l'origine d'un blog anonyme cherchant à discréditer le candidat UMP.

En politique, il est habituel que des coups bas soient adressés par voie anonyme en période d'élections. Il est facile pour les équipes de campagne d'envoyer quelques peaux de banane par l'intermédiaire d'un journaliste heureux de pouvoir révéler un scoop, sincère ou totalement manipulé. Mais Internet rend les choses plus faciles encore, puisque l'anonymat offert à chaque blogueur qui le souhaite est aussi accessible aux candidats qui seraient tentés de dénigrer leurs adversaires tout en prétendant faire une campagne propre. Et cela semble être particulièrement courant dans les campagnes électorales locales.

On se souvient en effet que c'est parce qu'il s'était senti diffamé par des élus de Metz écrivant anonymement sur des blogs que le sénateur UMP Jean-Louis Masson avait fait parler de lui sur Internet en 2010, en demandant que l'anonymat soit interdit sur les blogs. La même année, c'est à Orléans que la cour d'appel a condamné un blogueur identifié suite à une enquête judiciaire, par une décision qui a toutefois été renversée par la cour de cassation dans un arrêt du 6 octobre 2011 (pour un motif technique, le député-maire d'Orléans ayant curieusement choisi d'attaquer sur le fondement de la responsabilité civile, alors qu'il fallait appliquer le droit spécial de la presse, même à l'encontre de blogueurs anonymes).

A Besançon, c'est un autre blog anonyme qui fait polémique, et qui pourrait faire tâche à gauche au moment où le président de la République François Hollande annonce vouloir s'attaquer à l'anonymat sur Internet.

En forme de pastiche du blog d'actualité locale bisontine Bisonteint.net, un autre blog s'est créé en septembre 2013 sous le nom Bisonpeint.net. Pour les observateurs de la vie politique locale, il s'agit très clairement d'un blog destiné à nuire au candidat UMP Jacques Grosperrin, dont la notoriété (il fut député) est plus importante que celle du maire sortant, Jean-Louis Fousseret.

Or les choses prennent une tournure particulière avec l'enquête réalisée par Bisonteint, interloqué de se voir ainsi pastiché par un anonyme qui va jusqu'à acheter des publicités sur AdSense pour assurer la visibilité de son blog auprès des internautes qui s'intéressent à l'actualité locale :

Alors que l'enregistrement WHOIS visible ces dernières semaines ne permettait pas de voir la véritable identité du créateur du nom de domaine Bisonpeint.net, le blogueur a pu remonter l'historique des enregistrements avec Domaintools, et s'apercevoir que le domaine avait été enregistré par une femme domiciliée à la même adresse qu'un conseiller technique du maire sortant.

Lequel conseiller technique, du temps où il était encore journaliste à l'Est Républicain, avait été condamné pour diffamation de Nadine Morano.

Malgré la suspicion très forte qui porte sur elle, l'équipe de campagne du maire Jean-Louis Fousseret nie toute implication :

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