Miner de l’Ethereum par le biais de son antivirus, voilà une fonctionnalité que personne n’attendait. Le 2 juin, NortonLifeLock a pourtant annoncé qu’il mettrait cette étrange idée à l’œuvre « dans les semaines à venir ». Pour l’instant, seul un échantillon de volontaires va tester la nouvelle fonctionnalité, mais elle sera bientôt ouverte à tous les utilisateurs de Norton 360 à terme.
Le minage de cryptomonnaie consiste à mobiliser les capacités de calcul de son ordinateur pour participer au fonctionnement de la blockchain. Une fois qu’une opération a été vérifiée par les « mineurs », le réseau les récompense avec une fraction de la valeur qu’ils ont participé à créer. Autrement dit, le minage est un moyen de générer des cryptomonnaies avec son ordinateur.
Mais attention, le calcul coût/bénéfice est plus complexe qu’il n’y paraît. Le minage s’avère très vorace en ressources, et forcément, il accélère la fin de vie du matériel. Il tire notamment sur les GPU, les processeurs en charge de ces calculs. Résultat : l’industrie accuse une pénurie de GPU, et le peu de stock s’arrache à prix trop élevé.
Malgré ces limites, Norton explique qu’il ne veut pas rater la nouvelle tendance : « Les crypto continuent de devenir une part de plus en plus importante de la vie de nos clients (…). Avec Norton Crypto, nos clients peuvent miner de la cryptomonnaie en seulement quelques clics, évitant ainsi les nombreuses barrières à l’entrée de l’écosystème des cryptomonnaies. » Les cryptomonnaies générées seront ensuite stockées sur un « Norton Crypto Wallet », un portefeuille hébergé sur une nouvelle plateforme cloud de l’entreprise, et sur lequel on n’a que très peu d’informations.
Miner avec son ordinateur, fausse bonne idée ?
La nouvelle a vraiment de quoi surprendre. Généralement, quand le sujet du minage de cryptomonnaie se fraie un chemin sur les sites dédiés à la cybersécurité, c’est pour les mauvaises raisons. Les « cryptominers » (les logiciels en charge du minage) sont devenus un type de malware relativement répandu à toutes les échelles de la cybercriminalité. Les petits délinquants les installent sur les ordinateurs de leur université, tandis que les grands bandits essaient de les faire tourner sur des superordinateurs réservés aux calculs de haut niveau. L’idée des malfaiteurs est simple : puisque le minage est effectué par la machine de la victime, c’est elle qui paiera le coût de l’opération en électricité et matériel. Résultat : la cryptomonnaie générée deviendra un bénéfice net pour les malfrats.
De son côté, Norton affirme qu’il veut encadrer le minage, et en faire une pratique sécurisée : « Pendant des années, de nombreux mineurs ont été contraints de prendre des risques dans leur quête de cryptomonnaies, en désactivant leur sécurité pour faire tourner le minage, et en acceptant du code non vérifié sur leur machine, alors que ce code pourrait dérober leurs gains ou même implanter un rançongiciel ».
En revanche, comme le relève The Register, plusieurs zones d’ombres demeurent sur l’efficacité de la nouvelle fonctionnalité. L’éditeur d’antivirus ne dit mot sur l’effet du minage sur les performances de l’ordinateur ni sur les éventuels gains à empocher. Sur un appareil trop peu puissant, le minage pourrait considérablement ralentir toutes les autres activités, voire le faire crasher. Et il ne créerait que trop peu de valeur pour compenser les désagréments. Si Norton précise en note de bas de page qu’il faudra un certain type de matériel pour profiter de la fonctionnalité, il ne précise pas lequel. Faudra-t-il un GPU dédié ? Cette limite suffirait à entraver le caractère « grand public » de l’initiative.
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