C’est une « SIM farm », localisée en Lettonie, qui aurait permis de mener des milliers d’opérations cybercriminelles dans plusieurs pays d’Europe.
Le 10 octobre 2025, Europol a lancé la dernière phase de l’opération baptisée SIMCARTEL, visant à démanteler ce vaste réseau de cybercriminalité-as-a-service (CaaS). Le dispositif offrait à ses clients la possibilité de perpétrer un large éventail d’arnaques dans un anonymat quasi total.
Dans une vidéo diffusée sur YouTube le 17 octobre 2025, Europol dévoile les images de l’intervention de ses équipes, ayant conduit à la saisie de plus de 40 000 cartes SIM, au démantèlement de cinq serveurs et à la prise de contrôle de deux sites web liés à l’infrastructure criminelle.
Les méthodes du réseau
Le réseau disposait d’une infrastructure particulièrement développée. Les clients pouvaient louer des numéros de téléphone issus de plus de 80 pays, ouvrant ainsi, de façon anonyme, des comptes en ligne sur des réseaux sociaux ou des applications de messagerie.
D’après Europol, cette plateforme aurait facilité la création de plus de 49 millions de comptes en ligne, massivement exploités pour des campagnes de phishing et des fraudes financières. Parmi ces escroqueries, des arnaques à l’investissement, mais aussi des fraudes jouant sur l’urgence familiale.
Les auteurs contactaient leurs victimes via WhatsApp, se faisant passer pour leur enfant avec un « nouveau numéro », et, sous prétexte d’une urgence ou d’un accident, incitaient à effectuer des virements de plusieurs milliers d’euros dans la panique.
Dans d’autres affaires, les escrocs se faisant passer pour des policiers, souvent auprès de victimes russophones : ils utilisaient de faux insignes, allant même jusqu’à se présenter en personne pour récupérer l’argent.
Par ailleurs, Europol souligne que l’infrastructure aurait également servi d’appui à d’autres réseaux criminels, tels que le trafic de migrants ou la diffusion de contenus pédopornographiques.
Une opération d’envergure européenne
Pour attirer ses clients, le réseau s’appuyait sur plusieurs sites internet.
GoGetSMS, l’un des principaux domaines saisis, se présentait comme une solution « rapide et sécurisée » pour obtenir des numéros de téléphone temporaires.
Rien qu’en Autriche, les forces de l’ordre attribuent à ce réseau plus de 1 700 cas de fraude, pour un préjudice estimé à 4,5 millions d’euros. En Lettonie, on dénombre près de 1 500 victimes, les pertes s’élèvent à 420 000 euros.
L’enquête, menée conjointement par les autorités d’Autriche, d’Estonie, de Finlande et de Lettonie, en collaboration avec Europol et Eurojust, a abouti à 26 perquisitions coordonnées. Cinq suspects ont été arrêtés, tandis que les enquêteurs ont saisi quatre véhicules de luxe et gelé près de 700 000 euros sur des comptes bancaires et en crypto-monnaie.
Les « SIM farms » demeurent une préoccupation majeure pour les autorités internationales, qui s’efforcent de démanteler ces infrastructures clandestines de cartes SIM. En septembre 2025, les autorités américaines avaient annoncé la saisie d’un équipement de 100 000 cartes SIM capables de « paralyser le réseau téléphonique de New York ».
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