Faudra-t-il bientôt avoir un compte sur Facebook pour pouvoir assister à certaines retransmissions sportives ? C’est une question qui mérite d’être posée, maintenant que le réseau social américain vient de révéler son intérêt pour les droits de diffusion de certaines compétitions.
Dans une interview accordée lundi au magazine Variety, le vice-président en charge des partenariats pour le compte du site communautaire, Dan Rose, reconnaît que Facebook est en lice pour obtenir les droits du Thursday Night Football, une appellation qui désigne certains matchs de football américain.
Facebook veut diffuser des matchs de football américain.
Les discussions avec la National Football League sont en cours et rien n’indique qu’elles aboutiront favorablement pour le réseau social. D’abord, parce que les droits de diffusion ne sont pas donnés. Ensuite, parce que d’autres poids lourds sont dans les starting-blocks, comme l’opérateur américain Verizon et Amazon.
Mais l’intérêt de Facebook pour la retransmission d’évènements sportifs illustre un peu plus le fait que la vidéo en direct est devenue la priorité du site communautaire. Au cours d’une conférence s’étant déroulée à Berlin fin février, Mark Zuckerberg, le patron du site, aurait expliqué avec insistance sur ce point.
Cela se voit d’ailleurs avec la fonctionnalité Live, qui était disponible sur l’application Facebook pour iPhone aux États-Unis, et qui maintenant se répand dans le monde entier sur tous les appareils, smartphones Android y compris. D’abord réservée aux personnalités publiques, elle est maintenant proposée à tous les utilisateurs.
Le pas que fait Facebook en direction des droits de retransmission en appelle évidemment d’autres. Le réseau social pourrait-il se positionner pour d’autres sports, comme le hockey sur glace, le basket ou le baseball, qui sont les disciplines les plus suivies outre-Atlantique ? C’est tout à fait plausible.
En Europe, et plus particulièrement en France il est aisé d’imaginer que le site pourrait faire la même chose avec le football, en venant chasser sur les terres de chaînes comme TF1, Canal+ et BeIN Sports, pour mettre la main sur les droits de certains championnats, rencontres internationales ou de tournois. Toutefois, Facebook ne cherchera alors à obtenir que les droits de retransmission sur Internet, actuellement vendus dans des lots séparés — au moins jusqu’à ce que la convergence n’ait pas finie d’abolir les frontières entre TV et Internet.
Bien sûr, d’autres sports pourraient aussi être concernés comme le rugby, l’athlétisme, le ski, la natation, la course automobile, le handball, le tennis, le judo, le cyclisme et ainsi de suite, en fonction des évènements sportifs à venir (Jeux olympiques, Tour de France, Roland-Garros) ou de la performance des équipes nationales, qui peuvent accroître la notoriété d’une discipline en cas de victoire.
Pour Facebook, l’intérêt ne réside pas seulement dans le développement de la vidéo en direct. Il s’agit aussi de rendre son service incontournable — surtout si des droits exclusifs sont récupérés –, mais aussi de savoir plus précisément les goûts audiovisuels de ses membres, en sachant qui regarde quoi.
Car en effet, contrairement à la télévision linéaire traditionnelle, Facebook pourra savoir exactement qui regarde quoi, individuellement. L’enjeu des droits télévisés sur Internet n’est donc pas seulement un enjeu commercial de rivalité entre diffuseurs, mais aussi un enjeu pour la protection de la vie privée. Faudra-t-il un jour céder sa vie privée pour avoir le droit de regarder du foot ?
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