Après avoir déjà mis en place des restrictions temporaires à WhatsApp en juillet, Pékin vient de nouveau de s’attaquer à la messagerie chiffrée. Ses utilisateurs chinois se voient empêchés d’envoyer des messages texte ou sont confrontés à d’importants ralentissements.

À l’approche du 19e Congrès quinquennal du Parti communiste chinois, qui doit solidifier, le 18 octobre prochain, la position du président Xi Jinping à la tête du pays, Pékin durcit encore un peu plus ses restrictions dans la tech.

Dernière victime en date : la messagerie sécurisée WhatsApp, selon le New York Times, qui s’appuie sur le témoignage de Nadim Kobeissi, spécialiste en cryptographie au sein de l’entreprise Symbolic Software. La majorité des utilisateurs chinois de l’appli ne peut plus recourir à sa fonction la plus basique, l’échange de messages texte. La messagerie, qui permet de communiquer grâce à du chiffrement de bout en bout, avait déjà été touchée par des restrictions temporaires en juillet dernier, empêchant l’envoi des fichiers (dont des photos) ou encore le lancement de chats vidéo.

Dans son analyse fournie en parallèle à The Verge, Nadim Kobeissi estime que la Chine est enfin parvenue à bloquer le protocole utilisé par WhatsApp pour l’envoi de messages : « Je pense que le pare-feu chinois a mis du temps à s’adapter à ce nouveau protocole pour pouvoir également cibler les messages texte. »

WhatsApp

La technique éprouvée du ralentissement généralisé

Les premières perturbations du service ont été remarquées dès mercredi 20 septembre et sont allées en s’aggravant depuis, avec une accélération notable dès dimanche 24 septembre, même si certains utilisateurs peuvent potentiellement encore utiliser l’appli. La Chine a en effet pour habitude de ne pas bloquer entièrement les services comme de les ralentir pour dissuader de les utiliser.

Une technique jugée efficace par Lokman Tsui, spécialiste des communications sur Internet à l’université de Hong Kong : « Quand on vous autorise uniquement à rouler à près de 2 kilomètres par heure, vous évitez cette route, même si elle n’est pas techniquement bloquée. » De fait, face à ce ralentissement, certains utilisateurs préfèrent se tourner vers des applis fonctionnelles comme WeChat (de Tencent), quitte à être sous surveillance des autorités chinoises.

Sur les réseaux sociaux chinois, plusieurs internautes se plaignent de la situation : « Je perds le contact avec mes clients, je suis obligé de revenir à l’ère du téléphone et des mails pour travailler », « Même WhatsApp est bloqué maintenant ? Je vais vite me retrouver sans travail ».

Ce blocage intervient alors que la Chine vient par ailleurs d’imposer, ce lundi 25 septembre, les amendes maximales prévues par la loi aux géants locaux de la tech, Baidu, Tencent et Weibo, pour ne pas avoir suffisamment censuré des contenus (relevant de la pornographie et de la violence comme de « contenus incitant à la haine ethnique »). Ces derniers mois, Pékin a également durci sa législation autour des VPN.


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