L’Union européenne teste actuellement des « frontières intelligentes » basées sur des contrôles biométriques, pour savoir qui entre ou sort de l’espace européen.

Ce lundi était organisé au Parlement européen une réunion de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), dans laquelle a été abordée le projet des « frontières intelligentes » instaurées aux frontières extérieures de l’Union européenne. Il devrait s’agir à terme de systématiser l’emploi de moyens biométriques pour contrôler et enregistrer les entrées et sorties des individus.

Les « frontières intelligentes » visent en effet à combiner deux systèmes distincts :

  • Un Système d’Entrée et de Sortie (EES) qui enregistrera la date et le lieu d’entrée et de sortie de l’espace Schengen des ressortissants de pays tiers, pour calculer la durée de séjour autorisée et déclencher une alerte en cas de séjour prolongé au delà du visa autorisé ;
  • Un Programme d’Enregistrement des Voyageurs (PEV) pour simplifier le passage aux frontières des personnes pré-enregistrées.

Krum Garkov, le directeur de l’Agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle au sein de l’espace de liberté, de sécurité et de justice (eu-LISA), a donc livré aux députés un point d’étape technique sur l’expérience pilote menée depuis moins d’un an.

Depuis quelques mois, 12 états membres de l’Union européenne dont la France (à la gare maritime de Cherbourg, à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle et à la gare du Nord) ont mis en place des expérimentations de contrôles biométriques basées sur la reconnaissance des empreintes digitales, de l’iris et du visage. 18 points de passage ont ainsi été équipés, aussi bien sur des frontières terrestres, maritimes qu’aériennes, et plus de 150 garde-frontières ont été associés à l’exercice.

En tout, 58 000 passagers de 110 pays ont été contrôlés de cette façon. Ils ont été « informés et questionnés », explique M. Garkov, qui indique que 80 % des personnes interrogées auraient trouvé que l’expérience était globalement positive. Notamment parce qu’elle « permettrait d’accélérer les contrôles », même si le haut fonctionnaire s’est montré réservé sur les « kiosques de self-service » (scanner soi-même son iris et ses empreintes digitales pour que la porte s’ouvre), qui demandent souvent l’assistance des agents de contrôle.

« Capturer une image en direct et la comparer à l’image de référence extraite de la puce du passeport du voyageur (eMRTD) est faisable et rapide à toutes les frontières », constate l’eu-LISA, qui note également que le système peut faciliter l’identification des sans-papiers.

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Mais pour « harmoniser les moyens techniques aux frontières extérieures de l’Union européenne », plusieurs solutions techniques et plusieurs fabricants ont été testés lors du pilote, a expliqué M. Garkov.

La majorité des voyageurs ne considère pas la biométrie comme invasive

Le lecteur d’iris a fait ses preuves en indoor, mais la qualité est « très hétérogène » d’un fabricant à l’autre, et fonctionne mal chez les personnes âgées ou chez une majorité d’Asiatiques. L’empreinte digitale, pour sa part, est efficace, mais scanner 8 ou 10 doigts de la main prendrait en moyenne « trois plus de temps pour l’identification » que lorsqu’on se content de quatre doigts. D’autres enseignements moins évidents ont été tirés, par exemple pour constater qu’il y a des « problèmes pour utiliser la biométrie dans des trains en mouvement ».

« Il faut étudier l’impact de ces techniques sur les droits fondamentaux. Il est très important de voir le ressenti des ressortissants des pays tiers », a consenti Krum Garkov. Mais il assure que « la majorité des voyageurs ne considère pas que le recours à la biométrie est invasive et menace leurs droits fondamentaux », même si tout dépend des techniques. La reconnaissance faciale est perçue comme plus invasive que l’empreinte digitale, et donc moins acceptable au regard des droits fondamentaux. À ce stade cependant, il ne s’agit que de données statistiques qui ne présagent rien des conclusions qui seront tirées pour l’éventuelle généralisation à tous les contrôles aux frontières.

A terme, la biométrie pourrait permettre aux voyageurs de se dispenser totalement de passeport papier, toutes les informations étant alors contrôlées et vérifiées dans le Cloud.

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