Scytl, le prestataire espagnol choisi par la France pour fournir les outils de vote par internet aux élections législatives, a levé 60 millions de dollars, dont 40 millions auprès du fonds du co-fondateur de Microsoft, Paul Allen.

Quelle part de cette somme ira au lobbying pour convaincre les Etats de faire confiance au vote électronique ? Selon VentureBeat, la société espagnole Scytl a levé 20 millions de dollars auprès du fonds SAP Ventures, quelques mois après avoir obtenu 40 millions de dollars auprès de Vulcan Capital (le fonds de Paul Allen, co-fondateur de Microsoft) pour "moderniser les élections en tuant l'urne de vote".

Scytl est le prestataire qui a été choisi par le gouvernement français pour fournir le logiciel de vote par Internet utilisé lors des élections législatives, dans un cadre de fonctionnement très opaque. Selon son propre site, Scytl détiendrait 87 % du marché mondial du vote par Internet. Il gère non seulement les élections politiques, mais aussi et surtout beaucoup d'élections professionnelles, syndicales, ou de processus de concertation.

Ces levées de fonds interviennent cependant dans un moment délicat pour le vote électronique en Europe. Fragilisé en France par un rapport parlementaire qui préconisait le statu quo, abandonné en Norvège, très contesté en Belgique après le fiasco des Européennes,… le vote dématérialisé a bien du mal à convaincre de ses atouts face à une solution certes plus archaïque en apparence, mais aussi plus protectrice des principes démocratiques.

Cette semaine encore, la députée Isabelle Attard (Nouvelle Donne) a demandé au gouvernement de renoncer au vote électronique, en raison des "risques de fraude inhérents aux modes de scrutin électronique".

Plus de vote avec Java. Et alors ?

Pour le moment, le gouvernement n'a rien promis. Si ce n'est, comme le remarquait mercredi Next Inpact, d'abandonner la plateforme Java, qui avait causé de nombreux dysfonctionnements techniques lors des Législatives, et obligé les internautes à voter avec un Java non sécurisé.

"Une nouvelle solution sera mise en place afin de se dispenser de Java", a promis Fleur Pellerin au Sénat, en réponse à la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret qui s'est dite "rassurée". "Le vote électronique ne peut que se développer. Je suis rassurée par l'engagement du Gouvernement à prendre en compte les dysfonctionnements", a-t-elle répondu.

On ne sait pas encore si Scytl restera le fournisseur de cette solution sans Java. Peu importe. Aucune solution technologique de vote par Internet ne peut apporter les garanties suffisantes de transparence et de sincérité du résultat. Les révélations des failles exploitées par la NSA ont encore mis au jour le danger de faire confiance à la technique, alors que la démocratie ne doit pas être assise sur la confiance, mais sur la transparence.

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