Mardi, François Hollande pourrait nommer Jean-Marc Ayrault premier ministre. A ce titre, l’éventuel chef du gouvernement devrait avoir un rôle clé dans la politique numérique française. Un domaine dont il semble avoir pris conscience de l’importance à travers la gestion de sa ville de Nantes, où la culture tient aussi une place prépondérante.

Mardi, François Hollande nommera son premier ministre, moins de dix jours après sa victoire à l’élection présidentielle. Si plusieurs noms circulent, celui du maire de Nantes Jean-Marc Ayrault est celui qui revient avec le plus d’insistance, malgré la condamnation judiciaire ancienne que n’a pas manqué de rappeler l’opposition. En cas de confirmation, celui qui est également président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, président de Nantes Métropole et député de la troisième circonscription de Loire-Atlantique aura donc à mettre en œuvre le programme numérique du nouveau Président (à moins que François Hollande ne décide d’en faire un domaine réservé du chef de l’Etat, comme le suggère avec audace ElectronLibre).

Ces dernières années, Jean-Marc Ayrault a lancé plusieurs chantiers numériques dans sa ville. Le plus important d’entre eux est lié à l’aménagement d’une grande portion de l’Ile de Nantes. Située au coeur de la ville, cette étendue de terre de 337 hectares est en train de voir naître, sur sa pointe Ouest, le Quartier de la Création.

Cette ancienne zone industrielle se métamorphose aujourd’hui en laboratoire dédié aux industries créatives et le numérique y tient une place prépondérante, mais en accessoire à la Culture. Ainsi, à côté d’un éléphant mécanique géant devenu un des symboles de la ville, se construisent de nombreux bâtiments qui, au delà de leur architecture soignée, abritent de nombreuses entreprises du web. Un espace culturel appelé La Fabrique accueille des salles de concerts, des studios pour les groupes locaux mais, aussi, des laboratoires où les artistes, les chercheurs et les entreprises peuvent se réunir autour du numérique.

Même s’il occupe une place moindre que que la création artistique, le web est aussi placé au coeur de la réflexion philosophique du Quartier de la Création (des philosophes tels que Bernard Stiegler travaillent activement sur ces sujets avec la mairie de Nantes). Ainsi, la façon dont ses habitants pourront être informés, la façon dont ils pourront contribuer, la façon qu’ils auront d’y vivre ou d’y travailler sera intimement liée au numérique.

Emblèmes de cette transformation, d’anciennes usines appartenant à Alstom sont actuellement en travaux pour accueillir dès 2014 des artistes et une pépinière pour les startups, en complément d’un immeuble de 5 800 mètres carrés à la Chantrerie, plus excentré.

C’est dans ce bâtiment que devrait déménager bientôt la Cantine Numérique nantaise. Trois ans après celle de Paris, c’est en février 2011 que la version nantaise de la Cantine a ouvert ses portes, lors d’une inauguration en présence de Jean-Marc Ayrault. La communauté Nantes Métropole subventionne depuis ses débuts la Cantine en misant sur les synergies et donc l’émergence de nouveaux projets créateurs de valeur et d’emplois sur le territoire.

Le maire lui-même semble en pris pleinement conscience du rôle clé de la Cantine, devenue le carrefour incontournable des entreprises du numérique à Nantes. Depuis l’inauguration des lieux en 2011, Jean-Marc Ayrault a régulièrement visité ses murs pour réaliser des annonces liées au numérique ou pour organiser des réunions publiques (dont une dans les derniers jours de la campagne présidentielle en présence de Vincent Peillon pour parler, avec des chercheurs et des entrepreneurs, du programme de François Hollande en matière d’Université). Cet attachement passe aussi par des symboles plus politiques ; il se dit ainsi qu’il aurait personnellement insisté auprès de ses équipes pour se rendre à l’anniversaire de la Cantine numérique, alors qu’il n’était pas annoncé et que la visite ne figurait pas à son agenda officiel. Le député-maire n’a d’ailleurs pas tenu de discours ce soir-là, et s’est contenté de saluer le travail de l’équipe qui anime le lieu. Manière de faire savoir l’intérêt qu’il porte aux entrepreneurs du secteur.

C’est d’ailleurs à la Cantine que Jean-Marc Ayrault a annoncé l’ouverture des données publiques de la ville de Nantes et de la métropole, en faisant de Nantes l’une des toutes premières grandes villes françaises à s’ouvrir à l’Open Data derrière Paris et Rennes. Depuis, une plateforme Open Data (imparfaite mais qui a le mérite d’exister) a effectivement été lancée et un appel à projets visant à mettre en avant les réalisations tirées de la mise à disposition des données est sur le point de s’achever. Selon nombre de collaborateurs, Jean-Marc Ayrault aurait personnellement pressé ses services pour accélérer la mise à disposition des données de la ville, ce qui pourrait faciliter ses dialogues avec Etalab. Par ailleurs l’un de ses très proches conseillers, qui pourrait l’accompagner à Matignon, s’est fortement sensibilisé sur le sujet. Jean-Marc Ayrault est aussi influencé par l’association LiberTIC, qui a son siège à Nantes et qui a tissé de solides réseaux dans l’entourage du député-maire. LiberTIC le pousse à aller plus loin dans la communication des données publiques sous des formats ouverts, et aura certainement ses entrées à Matignon si Jean-Marc Ayrault y prend fonction.

Enfin, pour accompagner le développement numérique de la ville, Nantes est en train d’étendre son réseau de fibre optique. D’ici à 2020, 100% du territoire des 24 communes de la Métropole doit être relié à l’Internet Très Haut Débit. Nantes intramuros a été désigné comme zone ultradense par l’Arcep, et donc avec un intérêt commercial suffisant pour que les opérateurs s’occupent librement de son raccordement. Pour le reste, c’est Orange, SFR et le département de Loire-Atlantique qui s’en chargeront.

Photo cc Atlantic 2.0


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