Contrairement au poisson, ce qui est frais n’est pas forcément meilleur que ce qui est congelé, sur Internet. Une réalité que semble totalement délaisser Google, pour qui un contenu vieux mais pertinent sera nécessairement moins bien classé qu’un contenu plus récent mais de moindre intérêt.

Il y a quelques semaines, nous avions publié un article extrêmement commenté sur la dernière grande mise à jour des algorithmes de Google, en dénonçant le comportement économiquement irresponsable de la firme de Mountain View. Du jour au lendemain, cette modification impactait en effet 35 % des requêtes, avec pour objectif non plus d’éliminer les tricheurs qui abusent des techniques de SEO, ce qui serait compréhensible, mais de donner la primeur aux contenus les plus frais. Ainsi ceux qui ont publié des contenus de référence plus anciens se retrouvent lésés au profit de ceux qui ont publié des contenus de moindre qualité ou de qualité égale, mais plus récents.

Pour un site d’actualités comme Numerama, où le contenu est sans cesse renouvelé, l’impact d’une telle mise à jour est évidemment positif. Néanmoins, nous ne sommes pas convaincus que l’utilisateur y trouve toujours son compte. A trop privilégier la fraîcheur, le moteur de recherche en a oublié sa mission première : la pertinence.

Prenons un exemple concret. Et prenons-le avec nos propres articles, pour éviter tout jugement de valeur sur les contenus des confrères.

Pour mettre en contexte nos éditoriaux, nous créons régulièrement des liens vers nos précédents articles sur le même sujet, qui permettent à ceux qui le souhaitent d’approfondir. C’est ce que nous avons fait il y a quelques heures dans cet article sur le projet de loi copie privée, qui nécessitait de rappeler la jurisprudence et d’autres informations contextuelles. Parmi ces dernières, nous voulions rappeler le fonctionnement du label PUR accordé par l’Hadopi, et l’absurdité de la procédure qui se base non pas sur une vérification de la légalité du site, mais sur une absence de contestation de cette légalité. Or ça tombe bien, nous avions consacré tout un article à analyser le décret qui fixe cette procédure et à démontrer ses failles.

Comme c’est généralement plus rapide qu’en passant par notre (excellent !) moteur de recherche interne, nous utilisons Google pour effectuer la recherche de l’article dans lequel nous avions décrit cette procédure. Nous saisissons 6 mots clés : « label offre légale procédure hadopi numerama« . Généralement, ça suffit. Mais là, le résultat n’est pas des plus pertinents. Google ressort des articles de pure actualité sur les différentes plateformes qui ont demandé leur label, qui n’ont pas grand intérêt une fois l’actualité passée, et non l’article de référence que nous cherchons :

Il a donc fallu préciser « décret » dans la recherche pour enfin retrouver notre article de référence, ce qui n’aurait pas été nécessaire avant la mise à jour :

Plutôt que d’afficher en premier résultat l’article de référence, qui a généré beaucoup plus de lectures, de commentaires, de « retweets » et autres reprises, Google a préféré afficher nos articles légèrement plus récents, mais beaucoup moins intéressants. Et c’est malheureusement une tendance lourde que l’on retrouve dans énormément de recherches, qu’elles concernent ou non Numerama.

Ici, nous recherchions un article publié publié en 2010. Retrouver ceux que nous avons publié avant 2009 relève désormais de l’exploit.

La seule solution (lorsque ça fonctionne) est d’obliger Google à rechercher les résultats publiés dans une période donnée, ce qui n’est valable que lorsque l’on sait très précisément ce que l’on recherche. Il aurait été beaucoup plus intéressant de la part de Google de proposer un curseur qui permette à l’utilisateur de choisir lui-même le niveau de fraîcheur qui l’intéresse.


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