Les temps sont durs pour l’industrie du disque. Il y a deux ans, elle était parvenue à réunir 10.000 signatures d’artistes pour rejeter massivement l’idée d’une licence globale. Cette année, ils ne sont que 52 artistes à signer dans le Journal du Dimanche un appel pour lutter contre le téléchargement illégal de leurs œuvres, en soutenant le projet de loi « Création et Internet » (Hadopi) présenté par le gouvernement la semaine dernière.

« Nous sommes inquiets, très inquiets. La France a créé les droits d’auteur« , écrivent les signataires qui font la même erreur historique et égocentrique que le Président Nicolas Sarkozy. « La France adore la culture. La France aime aussi beaucoup l’Internet haut débit et, à outrance, les téléchargements de musique ou de films.

« Internet nous fait partager le monde. On ne peut que s’en réjouir. Mais ne soyons pas hypocrites.

« La création, les métiers qui y sont liés, notre activité sont plus que fragilisés, mis en péril, par la déferlante des échanges d’œuvres sans autorisation ni rémunération des artistes et des autres ayants droit.« 

« Le projet de loi, proposé par la ministre de la Culture, issu de la mission menée à l’automne dernier par Denis Olivennes, nous donne de très bonnes cartes pour qu’internet, la culture et la création soient réconciliés. Nous le soutenons« , assurent les 52 artistes signataires :

Etienne Daho, Christophe Maé, Kery James, Sinik, Francis Cabrel, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman, Jenifer, Stanislas, Raphaël, M Pokora, Keren Ann, Thomas Dutronc, Eddy Mitchell, Isabelle Boulay, Maxime Le Forestier, Martin Solveig, Marc Lavoine, Calogero, Gérard Darmon, Pascal Obispo, Jacob Devarrieux, Elie Seimoun, Alain Bashung, Bernard Lavilliers, Rachid Taha, Bob Sinclar, Psy4delarime, Abd Al Malik, Anis, André Manoukian, Charles Aznavour, Alain Souchon, Mademoiselle K, Soprano, Arthur H, BB Brunes, Liane Foly, Emmanuelle Seigner, Ridan, Renan Luce, Zita Swoon, Johnny Hallyday, Empyr, Kenza Farah, Shine, Camaro, Diam’s, Renaud, Romane Cerda, Cali et la Grande Sophie.

Au moins, cette fois, ils ont évité de faire signer des morts. Mais tous ces artistes sont signés chez une major du disque, et ont donc une situation personnelle à protéger corps et âme. Qui leur ferait grief ? Le problème, c’est que le rejet du projet de loi n’est pas contre ces artistes, ni même contre les artistes en général, mais pour. Pour la protection des droits fondamentaux de la défense, pour le refus de l’atteinte disproportionnée à la vie privée des personnes, et pour la rémunération des artistes. Les bonnes raisons de rejeter le projet de loi ne manquent pas.

Et surtout, le projet de loi Hadopi, s’il lutte contre le piratage, n’apporte aucune piste de rémunération aux artistes, si ce n’est l’improbable pari que les pirates vont se transformer d’un coup en gentils consommateurs.

Patrick Bruel ferait mieux d’aller chercher son argent là où il est... et d’accepter enfin une licence globale, qui est la seule voie possible « pour qu’internet, la culture et la création soient réconciliés ».


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