Renault est-il en train d’être rattrapé par le scandale Volkswagen ? C’est la question qui se pose alors que le constructeur automobile français traverse depuis quelques heures une très mauvaise passe en bourse. Des révélations faites par la CGT et la CFDT au cours de la journée ont en effet soulevé l’hypothèse d’une affaire similaire à celle qui secoue le groupe allemand, mais impliquant cette fois des moteurs français.
Les deux syndicats ont en effet annoncé que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mené la semaine dernière une perquisition chez Renault. L’information a été confirmée par l’industriel, qui s’est gardé de la présenter comme une descente de l’administration destinée à collecter des preuves sur une infraction qui aurait été commise.
Cette nouvelle a provoqué un vent de panique en bourse.
La situation est potentiellement très grave pour les affaires de Renault, qui a décidé de sortir un communiqué pour calmer le jeu et souligner sa coopération avec une commission technique indépendante qui est chargée de vérifier que l’industrie automobile française ne s’est pas livrée aux mêmes fautes que Volkswagen, et avec le ministère de l’économie, dont dépend la DGCCRF.
Comme pour montrer qu’il n’y a pas de crainte à avoir, Renault s’est fait l’écho du point de vue de la direction générale de l’énergie et du climat, qui répond au ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Celle-ci « considère que la procédure en cours ne mettrait pas en évidence la présence d’un logiciel truqueur équipant les véhicules Renault ». Circulez, il n’y a rien à voir.
La question de l’open source
Qu’elle soit avérée ou non, l’hypothèse d’un trucage des moteurs de Renault ne se poserait sans doute pas si les logiciels des voitures n’étaient pas protégés du sceau du secret. Si le code source était librement consultable, il serait sans doute très simple de contrôler si des bouts de code ont pour mission de dissimuler certaines choses. C’est en tout cas l’avis de l’EFF, qui n’a pas manqué de réagir à l’affaire Volkswagen.
En septembre, l’Electronic Frontier Foundation a considéré que le constructeur allemand n’aurait pas pu truquer le logiciel qui contrôle le moteur pour détecter les tests de mesure antipollution, si la loi avait autorisé les chercheurs à réaliser une rétro-ingénierie sur le firmware des véhicules, comme ils le demandent.
Un firmware open source n’aurait pas permis à Volkswagen de tricher.
Cette question a rebondi un mois plus tard, lorsqu’un groupe de spécialistes de l’industrie informatique a interpellé le régulateur américain pour qu’il force les fabricants à placer les firmwares en open-source. Les signataires ont évoqué cette occasion le cas Volkswagen, écrivant que « le code informatique non inspecté qui trichait dans les tests d’émissions démontre que c’est une vraie problématique ».
Dans une lettre signée par plusieurs centaines d’experts, ils écrivent que « le code source devrait être compilable, placé sur un dépôt sur Internet avec les modifications contrôlées, être disponible à tous pour le vérifier et l’améliorer ». Et si des changements sont restreints ou interdits en raison de la législation, ils doivent être documentés.
Et en Europe ?
Une directive adoptée en avril 2014 impose une « harmonisation des législations des États membres concernant la mise à disposition sur le marché d’équipements radioélectriques », dont l’un des articles interdit l’installation de micrologiciels modifiés. Cette règle s’impose-t-elle aux voitures, qui embarquent toujours plus d’électronique ?
Une liste doit être établie par la Commission européenne afin de préciser les catégories d’équipements concernés. Mais l’affaire Renault pourrait bien relancer tout le débat de l’open source des firmwares et donner des arguments aux partisans de l’ouverture du code source.
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