La santé connaît elle aussi sa révolution numérique. Au point que nous seront peut-être un jour dotés de notre propre laboratoire d’analyses médicales, intégré au corps humain sous la forme d’un implant capable de communiquer avec l’extérieur. Une idée qui n’est déjà plus de la science-fiction…

Généralement, la médecine intervient sur les patients lorsque l’état de santé s’est déjà dégradé et que des symptômes se sont manifestés. Mais l’on pourrait se diriger vers un monde nouveau de « médecine prédictive », où l’état de santé de chacun est surveillé en permanence pour détecter le moindre signe de dérèglement pouvant témoigner d’une défaillance future. C’est en tout cas le pari du programme suisse Nano-Tera, dirigé par le professeur Giuseppe de Micheli de l’Ecole Polytechnique de Lausanne, qui a mis au point le projet i-IronIC.

Il s’agit d’un véritable laboratoire d’analyses médicale miniature intégré au patient sous la forme d’un implant sous-cutané placé au niveau du tissu interstitiel. Mesurant seulement 1,4 cm de long, l’implant dispose actuellement de sept capteurs chargés d’analyser la concentration de certaines protéines et d’acides organiques dans le sang humain (lactate, glucose, ATP,…). Chaque capteur est recouvert d’une enzyme qui réagit à la présence des substances recherchées. Il peut ensuite renvoyer ces données en temps réel pour les faire analyser par un logiciel installé sur un ordinateur, une tablette ou un smartphone.

Pour transmettre les informations, l’implant n’a pas de batterie ; il reçoit son énergie grâce à un système d’induction opérée entre l’appareil et un patch collé sur la peau du patient, au niveau de l’implant. Ce patch alimente le circuit en lui fournissant 100 milliwatts d’électricité, et c’est lui qui reçoit les informations et les transmet en Bluetooth.

Pour le moment, le dispositif – qui est en phase de prototypage – est surtout conçu pour aider les médecins à doser les médicaments dans le cas de traitements qui exigent un dosage précis et évolutif, notamment les chimiothérapies. Il permettrait aussi de prédire les accidents cardiaques en analysant le niveau de troponine, qui augmente dans les heures précédent une attaque. 

Il n’est pas encore question de l’implanter chez les personnes en bonne santé, d’autant qu’actuellement les enzymes utilisées par les capteurs n’ont qu’une durée de vie d’un mois et demi, ce qui oblige à ouvrir le patient pour retirer l’implant et le remplacer. Mais gageons que ce type de systèmes va se développer et qu’il sera un jour proposé aux hypocondriaques ou à ceux qui veulent toujours s’assurer d’être en bonne santé. Le fondateur de BlackBerry, Mike Lazaridis, vient d’ailleurs de donner 97 millions de dollars à un fonds dédié à la création de dispositifs personnels microscopiques d’analyse médicale.

Comme le note ExtremeTech, cette perspective soulèvera des problématiques nouvelles, notamment d’accès du patient à ses propres données médicales. Actuellement, le prototype n’utilise le smartphone du patient que pour communiquer les données au médecin. Il demandera aussi de proposer des alertes suffisamment discrètes pour respecter la vie privée de la personne malade qui ne veut pas nécessairement qu’une sonnerie trop évocatrice ne prévienne les personnes présentes autour d’elle.

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