Le thriller Sous la Seine, diffusé à partir du mercredi 5 juin en exclusivité sur Netflix, met en scène un requin blanc dans les eaux de Paris. Un scénario impossible dans la vraie vie.

« Un requin… dans la Seine ?! », s’étonne l’actrice Anne Marivin dans la bande-annonce du film Sous la Seine, disponible sur Netflix ce mercredi 5 juin. C’est effectivement le cœur du scénario de ce thriller réalisé par Xavier Gens : un requin géant se retrouve dans les eaux parisiennes, alors que doit être organisé le championnat du monde de triathlon. À quelques jours des Jeux olympiques, ce récit cauchemardesque tombe plutôt à pic.

Les athlètes doivent-ils s’inquiéter d’une telle éventualité dans la vraie vie, avec un requin géant qui s’inviterait dans la Seine pour partager quelques brasses avec eux ? « Certaines espèces de requins sont capables d’évoluer en eau douce », indique Typhaine Coste, médiatrice scientifique à l’Aquarium de Paris, à Numerama. Mais ce n’est pas le cas du requin blanc, l’espèce montrée dans Sous la Seine. Des propos confirmés par Bernard Seret, océanographe biologiste, spécialisé en ichtyologie marine — l’étude des poissons et des animaux marins –, et membre du conseil scientifique de l’Aquarium de Paris.

Un requin blanc ne peut pas survivre dans la Seine

Typhaine Coste précise cepenant que le requin bouledogue pourrait être à son aise dans la Seine. Il « vit principalement dans les eaux chaudes (régions tropicales), c’est une espèce ‘euryhaline’, donc il peut évoluer en eau douce et salée. Il a déjà été aperçu dans certains fleuves aux États-Unis. » Cela étant, le requin bouledogue vit plutôt en Afrique du Sud, au Brésil, en Floride, en Nouvelle-Calédonie, dans le canal du Panama, à la Réunion et à Madagascar. Autant dire qu’un voyage jusqu’à Paris apparait autant lointain qu’improbable.

« Il y a également les requins du Gange qui vivent en eau douce […]. Ces derniers ne sont pas du tout présents dans les eaux métropolitaines », ajoute Typhaine Coste. Le requin blanc, lui, est incapable de survivre dans les eaux de la Seine — « S’il était présent, le grand requin blanc serait en train de mourir, ou dans un très mauvais état. Impossible qu’il remonte jusqu’à Paris. »

La raison est plus chimique que physique : « La difficulté d’acclimatation entre l’eau douce et l’eau salée, pour un grand requin blanc, n’est pas due à la pression, mais à l’osmorégulation. L’osmorégulation est la capacité à s’adapter entre deux milieux à salinité différente. »

Concrètement, le requin blanc est capable d’assurer une osmorégulation « sur des niveaux de salinité très proches, comme la Méditerranée (plus salée) et l’Atlantique (moins salé) », mais pas « pas entre un milieu marin et un milieu fluvial. »

Sous la Seine // Source : Netflix
Une scène de Sous la Seine. // Source : Netflix

Le requin a surtout mauvaise réputation

Le réalisateur Xavier Gens et ses scénaristes ne cherchent donc pas la véracité scientifique avec Sous la Seine. En revanche, ils misent sur la mauvaise réputation des requins, comme tant d’autres films (Les dents de la mer, pour citer le plus connu). Sauf que, pointe Typhaine Coste, « le danger du requin est très surestimé. »

Ce constat s’appuie sur des chiffres concrets, qui montrent que le requin est plus inoffensif qu’il n’y parait. « Par exemple, en 2023, 69 attaques de requins ont été recensées et seulement 10 ont été mortelles et, tout ça, dans le monde entier. »

Le requin pâtit clairement d’un délit de sale gueule, lié à un son apparence effrayante qui le prédispose à un rôle de monstre dans un film d’horreur. « Les morsures de requin sont vraiment exceptionnelles et souvent dues à une investigation (l’exploration) du requin de son territoire », conclut Typhaine Coste. Bref, les participants des JO de Paris peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Et s’inquiéter plutôt du niveau de pollution de la Seine.

Source : Montage Numerama

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