Si Uber a ouvert un centre de recherche sur ses voitures volantes et a retenu la France comme un possible d’accueil pour son futur service de transport aérien, la mise en place de liaisons parisiennes est impossible en l’état.

Si l’on vous dit « Uber », la première image qui vous vient à l’esprit est sans doute celle du chauffeur en berline noire venant chercher son client après que celui-ci ait passé commande sur son smartphone. Mais dans quelques années, cette représentation sera peut-être balayée par une autre réalité : celles des « voitures volantes » — ou plus exactement des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux.

Le géant mondial des services de voiture de transport avec chauffeur (VTC) travaille en effet depuis quelques années sur un programme spécial, appelé Uber Elevate. Avec lui, l’entreprise américaine entend se doter d’aéronefs qui offriraient le même service — Uber Air — que ce qu’il propose déjà à terre, via son application de mise en contact entre des passagers et des conducteurs.

Uber Air et la France

Il s’avère que la France est un territoire sur lequel Uber a quelques ambitions avec son projet quelque peu délirant.

D’abord, c’est à Paris que l’entreprise a décidé d’ouvrir son centre de technologies avancées sur la voiture volante. Pour soutenir ses activités, qui porteront sur l’intelligence artificielle (notamment la vision par ordinateur et l’apprentissage automatique), l’ingénierie et les systèmes de gestion de l’espace aérien, une enveloppe de 20 millions d’euros sur cinq ans est prévue.

Ensuite, la France fait partie d’une liste restreinte de pays qu’Uber est en train de passer en revue pour déterminer le meilleur emplacement du troisième spot d’Uber Air (les deux premiers étant les villes américaines de Dallas et Los Angeles, dévoilées en 2017). Outre la métropole, le géant du VTC s’intéresse aussi à l’Australie, au Brésil, à l’Inde et au Japon.

Parmi les exemples donnés par Uber pour justifier l’intérêt d’Uber Air, on trouve la proposition d’une liaison par les airs entre les deux aéroports japonais, Haneda et Narita. En train, il faut compter 17 arrêts et un temps de transport de 1h37 ; en taxi, 1h50 pour un trajet de 72 kilomètres ; mais en Uber Air, cela ne prendrait que 17 minutes, pour un trajet en quasi-ligne droite sur 61 kilomètres.

Une proposition de liaison au Japon. // Source : Uber

Une proposition de liaison au Japon.

Source : Uber

Survol interdit

Peut-être Uber songe-t-il à un service équivalent pour la France, avec des liaisons entre les aéroports d’Orly et de Roissy, ou avec Le Bourget. Il faut toutefois faire remarquer que les trajets longeraient la ville de Paris, ce qui pose un problème : la capitale française fait l’objet de règles très précises et très strictes en matière de survol, et cela depuis 1948 et l’arrêté arrêté interministériel interdisant le survol de la ville lumière

Actualisées en début d’année par l’arrêté du 21 février 2018 portant création d’une zone interdite, identifiée LF-P 23 Paris, dans la région d’information de vol de Paris, elles définissent les limites dans lesquelles les aéronefs, à l’exception d’une poignée d’entre eux, n’ont pas le droit d’évoluer. Ces règles s’appliquent de la surface à 6 500 pieds (1 981 mètres).

Interdiction de survoler Paris à moins de 2 000 mètres

Dans ces conditions, le développement d’un service de transport aérien aux alentours de Paris paraît être un non-sens, sauf à prévoir des trajets de contournement. Cela étant, d’autres liaisons pourraient être créées dans l’agglomération parisienne, sans impliquer Paris : ainsi, pourquoi pas une connexion entre Paris-Saclay, qui est le pôle scientifique et technologique francilien, et un aéroport des environs ?

Toutes ces interrogations se poseront véritablement si la France est retenue comme le troisième spot d’Uber Air — et que la région parisienne est bien la zone dans laquelle le service entend se déployer. Or, nous n’en sommes pas encore là. Outre la condition sine qua non de la sélection, il faut encore que le projet finisse par voir le jour (cela ne devrait pas être le cas avant au moins cinq ans) et être viable.

De quoi laisser du temps à une éventuelle révision de la réglementation, afin de créer les conditions pour l’émergence de ce genre de service ? Cela reste à voir.

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