Christiane Taubira penserait tout bas tout le mal qu'elle n'ose pas dire tout haut du projet de loi Renseignement, unanimement critiqué par les organisations de magistrats et les avocats.

"J’avale des couleuvres de plus en plus épaisses. La loi sur le renseignement, qui permet une intrusion dans la vie privée, est aux antipodes de mes idées", aurait dit la ministre de la justice Christiane Taubira lors d'un déjeuner avec Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti, ses deux amis frondeurs débarqués du gouvernement. La phrase est citée dans le Canard Enchaîné de ce mercredi, repris par Rue89.

Mais la ministre de la justice n'est visiblement pas assez attachée à ses principes pour en faire un motif de démission ou d'opposition publique. Lors de son audition en commission des lois, en présence de ses collègues Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian, Mme Taubira s'était montrée disciplinée, n'apportant aucun commentaire sur l'esprit général du texte et ses dispositions les plus contestées. "Il me revient pour ma part d’expliquer l’esprit qui anime les trois dispositions du projet de loi qui concernent le ministère de la Justice" avait-elle simplement débuté.

JUGES ET AVOCATS CONTRE LE TEXTE

La ministre de la justice pourra toutefois difficilement faire l'économie d'un commentaire d'ici le vote solennel du 5 mai si la gronde des magistrats continue d'enfler. Réputé de gauche, le Syndicat de la Magistrature a dénoncé le "consensus politique" qui "se réfugie derrière l’argument sécuritaire" et dénoncé "l’extension du champ des activités de renseignement et la légalisation de techniques de surveillance intrusives sans contre-pouvoir réel, le contrôle organisé étant aussi dérisoire a priori qu’illusoire a posteriori". A droite, l'Union Syndicale des Magistrats s'est aussi déclarée "inquiète d'une extension injustifiée de la sphère d’intervention des services de renseignement, alliée à des moyens technologiques avancés et une insuffisance caractérisée de contrôle".

L'ordre des avocats de Paris a également exprimé de vives réticences. "La protection des libertés individuelles doit être absolue ! L’Ordre des avocats de Paris plaide pour un régime unique d’encadrement des interceptions et demande l’intervention du juge, pour contrôler, autoriser et sanctionner", a-t-il demandé.

Enfin Marc Trédivic, célèbre juge anti-terroriste sur le départ, a également critiqué le texte. "Ces pouvoirs exorbitants se feront sans contrôle judiciaire. Ne mentons pas aux Français en présentant ce projet comme une loi antiterroriste. Il ouvre la voie à la généralisation de méthodes intrusives, hors du contrôle des juges judiciaires, pourtant garants des libertés individuelles dans notre pays", avait-il expliqué.

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