Perçu comme un acteur étranger malveillant, Wikileaks est dans le collimateur des États-Unis depuis 2010. Mais les documents d'Edward Snowden ont révélé que les agences de renseignement se sont aussi intéressées aux lecteurs et, sans doute, aux lanceurs d'alertes contactant le site.

Né en 2006, Wikileaks s'est fait mondialement connaître quatre ans plus tard lorsque la publication de centaines de milliers de documents militaires relatifs à l'Irak et à l'Afghanistan (war logs) et de télégrammes diplomatiques de la diplomatie américaine (cablegate) a eu lieu, en partenariat avec les principaux quotidiens occidentaux. Depuis ce jour, le site web lanceur d'alerte est devenu la bête noire des États-Unis.

Outre l'arrestation du soldat Bradley/Chelsea Manning, à l'origine des fuites et qui purge actuellement une peine de 25 ans de prison, les États-Unis ont fait pression sur le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, et sur le site lui-même.

Celui-ci a notamment été accusé de terrorisme et d'espionnage par des responsables politiques américains, subi un blocus financier des grands intermédiaires et est considéré comme site "non grata" en France.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

Des documents récents qui avaient été récupérés par Edward Snowden ont été publiés et révèlent que les services de renseignement britanniques (GCHQ) procèdent au moins depuis 2010 à la surveillance des lecteurs de Wikileaks, en collectant leur adresse IP et les mots-clés utilisés pour se connecter au site (s'ils sont passés par un moteur de recherche).

Baptisée "Anticrisis Girl" par les agents britanniques, cette approche permet donc d'enregistrer les informations de connexion des internautes intéressés par Wikileaks, notamment ceux situés au États-Unis et au Royaume-Uni. L'outil, conçu par les Britanniques, a été présenté en 2012 aux autres membres du groupe Five Eyes, les USA, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Manifestement, la NSA et le GCHQ s'échangent ensuite les informations concernant les visiteurs du pays partenaire, malgré toutes les affirmations publiques affirmant qu'il existe une clause permettant d'éviter l'espionnage des Britanniques par les Américains et vice-versa. À l'épreuve des faits, il est clair que les promesses des agences de renseignement n'engagent que ceux qui y croient.

"La NSA et ses complices en Angleterre ne montrent aucun respect pour la primauté du droit. Mais il y a un coût pour la conduite d'actions illicites contre un organe de presse", a commenté Julian Assange, interrogé par The Intercept. "Aucune entité, y compris la NSA, ne devrait être autorisée à agir contre un journaliste en toute impunité. Nous avons demandé à notre principal avocat de préparer la réponse appropriée".

Assange pointe du doigt "le comportement irresponsable et illégal" de la NSA et du GCHQ. S'il s'inquiète de la vie privée de ses lecteurs, il craint sans doute plus encore que la technique soit utilisée pour tenter d'identifier des sources de Wikileaks. Anticrisis Girl pourrait théoriquement être utilisé pour identifier les utilisateurs qui accèdent aux pages permettant d'envoyer des documents à Wikileaks, et provoquer leur mise sous surveillance approfondie.

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