Pour une première sortie en qualité de ministre de l’économie numérique, Eric Besson fait fort. Il demande l’interdiction de l’hébergement de Wikileaks en France.

Ejecté par Amazon qui a assumé le caractère politique de sa décision, le site suédois a trouvé refuge notamment sur les serveurs français de l’hébergeur OVH. Lequel, fidèle à la neutralité de l’intermédiaire technique, n’a pas souhaité se prononcer sur le caractère éventuellement illicite ou immoral des activités de Wikileaks.

Mais Eric Besson a signé aujourd’hui le premier acte fort de son retour aux affaires sur Internet. L’AFP indique dans une très courte dépêche que le ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique demande « de mettre fin à l’hébergement du site WikiLeaks en France« .

Le ministre qui a pour charge de protéger les libertés numériques demande donc expressément qu’elles soient violées. C’est le même Eric Besson qui, avant de laisser son poste à Nathalie Kosciusko-Morizet, avait pourtant refusé dans son Plan Numérique 2012 de toucher à la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN), qui octroie un statut protecteur aux hébergeurs. Va-t-il annoncer une loi spéciale pour Wikileaks ?

« Opportuniste, Eric Besson défendra ce qui lui sera demandé de défendre« , avions nous pronostiqué lors du dernier remaniement ministériel. Il semble qu’il n’a pas attendu longtemps pour démontrer que nous avions raison…

Reste à voir la réaction d’OVH. Saura-t-il mieux résister aux pressions qu’Amazon ?

Mise à jour : le ministre a écrit jeudi au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) en expliquant que « la France ne peut héberger des sites internet qui violent ainsi le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique« , apprend-t-on par Le Monde. « On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d’autres Etats en raison d’atteintes qu’ils portent à leurs droits fondamentaux« , ajoute-t-il, pour demander au CGIET les moyens juridiques et/ou techniques d’expulser Wikileaks hors de France.

Mise à jour 2 : OVH a décidé de saisir le juge de référés pour qu’il dise si Wikileaks peut être hébergé en France.


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