En guerre économique avec les Etats-Unis, le site Wikileaks a obtenu le secours de l'association française FDNN, qui percevra les dons destinés au site de révélations d'informations en exploitant le réseau bancaire français.

Alors qu'aucune plainte n'a jamais été déposée formellement contre Wikileaks, le gouvernement des Etats-Unis a trouvé un moyen simple de tenter de réduire au silence le site monté par Julian Assange : assécher ses finances. C'est ainsi que sous la pression politique, MoneyBooker, Paypal, Visa ou MasterCard ont tous décidé en décembre 2010 de bloquer les paiements en faveur de Wikileaks, en réaction à la diffusion partielle des 251 587 câbles diplomatiques en sa possession.

Selon le site de presse, le blocus a empêché 95 % des dons, lui causant un préjudice de plus de 20 millions de dollars. Il explique ne plus disposer que de 100 000 euros de réserves dans ses comptes ouverts par la Way Holland Foundation, et devoir lever très vite 1 million de dollars.

La semaine dernière, Wikileaks a remporté une victoire importante en Islande, où la justice a déclaré illicite le blocage des paiements par Valitor, anciennement Visa Island, qui gère les transactions des cartes Visa et MasterCard. Le jugement n'est valable et ne s'applique qu'en Islande, mais il ouvre déjà une brèche dans laquelle Wikileaks pourra se se réfugier pour obtenir à nouveau des dons par carte bancaire.

Mais c'est aussi en France que Wikileaks trouve une bouffée d'oxygène, grâce au soutien inattendu du Fonds de Défense de la Neutralité du Net (FDN²), une association de financement créée en 2008 pour recueillir les dons en faveur de la Quadrature du Net, mais pas uniquement.

Pas de relations entre Visa/MasterCard et FDN

Conformément à ses statuts (.pdf), FDN² "a pour but de ?nancer toute action permettant de concourir à la mise en place e?ective,  ou à la défense, d’une neutralité absolue des réseaux  de télécommunications, et en particulier d’Internet, ou plus largement des libertés numériques et de la liberté  d’expression". C'est dans ce cadre que l'association recueille déjà des dons pour La Quadrature du Net, l'April, Framasoft, GlobeNet, et désormais Wikileaks.

"FDNN s’appuie sur le système bancaire français, et le GIE Carte Bancaire, pour traiter les paiements plutôt que d’être directement en contact avec VISA ou MasterCard", explique l'association sur son site internet. "Ce système permet à FDNN de récolter des fonds destinés à WikiLeaks, y compris par des dons par carte bancaire".

Contractuellement, Visa et MasterCard n'auraient pas le droit de bloquer des paiements émis en faveur de certains destinataires à travers le réseau Carte Bleue. Et FDNN n'a lui-même aucune relation contractuelle avec Visa et MasterCard. 

Cependant, Julian Assange ne semble pas se faire d'illusions sur l'avenir de la plateforme de paiement, et s'attend à une réaction. "Nous les avons battu en Islande, et grâce à Dieu, nous les battrons aussi en France. Laissons-les fermer [les dons sur FDN²]. Laissons-les démontrer au monde encore une fois leur proxénétisme corrompu envers Washington. Nous attendons. Nos avocats attendent. Le monde entier attend. Faites le", prévient le fondateur de Wikileaks.

En 2010, le gouvernement de François Fillon avait réagi vivement au fait que Wikileaks déménage chez OVH, le ministre Eric Besson ayant à l'époque demandé l'interdiction d'héberger Wikileaks en France. Il faudra voir comment le nouveau gouvernement réagit au fait que le site puisse exploiter le réseau bancaire français pour se financer.

Concrètement, les dons doivent être réalisés sur cette page. Il est possible soit de verser l'intégralité de la somme (minorée de 2 à 3 % de frais) à Wikileaks, soit de laisser FDN² répartir le don entre les différents projets qu'il soutient. Il est aussi possible de s'inscrire pour programmer des versements réguliers.

En 2011, FDN² a reçu 997 dons occassionels, en plus des dons de 166 donateurs réguliers. Depuis le début de l'année 2012, l'association a reçu 4318 dons.


Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !