Manuel Valls a annoncé ce matin qu’il voterait pour le candidat Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. Mais celui qui se présente comme le renouveau du politique, au-delà des partis, pour aller vers les convictions et le rassemblement aurait peut-être pu se passer de ce soutien. En effet, pour les Français, Manuel Valls est loin de représenter le héraut de la modernité et de l’avenir.
L’ancien premier ministre est d’abord l’artisan de l’état d’urgence permanent. Avec son gouvernement, il a laissé entre les mains du pouvoir politique — quel que soit le parti ou la personne qui le possède –, un outil que d’aucuns jugent dangereux. Et déjà sur ce sujet Manuel Valls jouait la fuite irresponsable. « Cette mesure résume l’esprit de la loi sur l’état d’urgence. Soit l’heure est grave, la menace est terrible et l’état d’urgence déterminant pour nous protéger. Dans ce cas, il est incroyable que le premier ministre se permette de démissionner pour se présenter aux primaires d’un parti politique. Quel sens de l’intérêt général ! », commentait le député des français de l’étranger Pouria Amrishahi dans nos colonnes.
Manuel Valls est aussi celui qui a cherché à défendre la déchéance de nationalité (parfois de façon ridicule) contre vents et marées ou a affirmé que son gouvernement devrait d’abord « combattre le terrorisme sur Internet », comme si l’outil que nous utilisons tous les jours était le berceau de tous les maux qui ont touché la France ces dernières années.
Ironiquement, c’est aussi Manuel Valls qui, contre son ministre de l’économie et des finances Michel Sapin, souhaitait que le revenu universel de base si cher à Benoît Hamon, le candidat de son parti, soit l’une des discussions qui rythme la campagne de la gauche — et la campagne présidentielle. Cette idée a été jugée fantaisiste par Emmanuel Macron et a été décriée par le même Valls — autre retournement de veste — alors qu’il était candidat aux primaires.
Peut-on également oublier que Manuel Valls, avec Bernard Cazeneuve, est celui qui dirigeait le gouvernement au moment où l’idée du fichier biométrique TES est née, un projet décrié et jugé dangereux pour la liberté des Français et leur sécurité numérique ? Ce fichier, qui souhaite centraliser des informations essentielles sur chaque citoyen a été démonté idéologiquement et technologiquement. Le Conseil National du Numérique a même demandé l’arrêt de la mise en place de ce fichier qui ouvrait la porte « à des dérives aussi probables qu’inacceptables ». Ironiquement, le CNNum était alors présidé par Mounir Mahjoubi, qui a, depuis, rejoint l’équipe de campagne de Macron.
L’homme de l’état d’urgence permanent et du fichier TES est-il un soutien pour le renouveau politique prôné par le candidat Macron ?
L’homme qui a dirigé l’état d’urgence permanent et la constitution du fichier TES, pétri de contradictions et adepte du jeu des alliances politiciennes, entre autres souvenirs qui vont marquer durablement la France, est-il vraiment un soutien pour le renouveau politique prôné par le candidat Macron ? Hier encore, le leader d’En Marche ! rappelait qu’il souhaitait « tourner la page de ces cinq dernières années ». Ces cinq dernières années ne semblent pas vouloir le laisser faire.
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