Manuel Valls va appeler à soutenir Emmanuel Macron plutôt que Benoît Hamon à la présidentielle. C’est ce qu’affirmait Le Parisien hier soir. Un scénario attendu par les observateurs de la campagne 2017, qui ont pu remarquer à quel point le Parti socialiste est divisé sur la ligne politique à adopter : les vallsistes se sentent plus en phase avec Emmanuel Macron qu’avec Benoît Hamon, pourtant vainqueur de la primaire de la gauche.
Jusqu’ici, rien d’étonnant : le débat du second tour entre Valls et Hamon a clairement montré à quel point les deux hommes ont une lecture différente de l’économie et du travail. Sauf que dans cette histoire est apparue une variable inattendue : la presse parodique sur Internet.
Le site Nordpresse, qui est l’équivalent belge du fameux Le Gorafi, affirme que l’affirmation du Parisien est complètement fausse : « on a réussi à vous piéger sur le soutien de Valls à Macron avec de faux emails. Beau travail de journalistes », peut-on lire dans une publication postée sur leur page Facebook.
https://twitter.com/Nordpresse/status/841424895141642240
Évidemment, les allégations troublantes de Nordpresse ont très vite été contestées par les équipes du Parisien. Le directeur adjoint des rédactions, Frédéric Vezard, a ainsi déclaré sur Twitter que les informations de sa collègue ont été vérifiées et recoupées. Autrement dit, le quotidien jure ne pas s’être fait l’écho malgré lui d’un canular — qui aurait transformé l’actualité bien réelle en une « fake news ».
Sans surprise, l’annonce de Nordpresse a été diversement appréciée sur les réseaux sociaux : certains ont applaudi le bon coup joué par le site parodique, en glissant parfois au passage quelques tacles aux journalistes qui ne feraient pas bien, selon eux, leur travail. D’autres en revanche se sont montrés nettement plus critiques, jugeant qu’il y a des limites à ne pas franchir ou réclamant des preuves de ce canular.
Interpellé à ce sujet par le journaliste Étienne Baldit d’Europe 1, le site Nordpresse a promis qu’il publierait « ce soir heure usa » (donc la nuit dernière) un article explicatif de sa démarche. Or, comme le pointe un autre journaliste, Alexandre Piquard, du Monde, il n’y a toujours pas d’article permettant de constater les éléments prouvant le canular mis en place par les rédacteurs de Nordpresse contre Le Parisien.
Il est pour l’heure difficile de démêler le vrai du faux. En outre, il n’est pas improbable de penser à une étonnante coïncidence : Nordpresse et Le Parisien pourraient avoir « raison » tous les deux. Après tout, comme nous le faisions remarquer, Manuel Valls n’a pas exprimé une tendresse particulière envers le programme défendu par Benoît Hamon. Il suffit de revoir la primaire de la gauche pour s’en rendre compte. Et il est aussi possible que Nordpresse ait bien fait un canular au bon moment qui, par chance, colle avec l’actualité.
En tout cas, en l’état actuel des choses et sans preuve confirmant les allégations de Nordpresse, rien ne dit que l’article du Parisien est faux. D’autant que des confrères ont obtenu des éléments qui tendent à conforter la position du journal : ainsi, Manuel Valls s’est confié auprès de Paris Match pour dire qu’il ne donnera pas son parrainage à Benoît Hamon (ce qui ne veut pas dire qu’il votera Macron pour autant).
Cette affaire, en apparence anecdotique, illustre toutefois la perte de crédibilité des journalistes — il suffit de voir la satisfaction de certains supporters de Nordpresse en apprenant le supposé piège tendu contre Le Parisien — et la « concurrence informationnelle » qui existe sur le net entre les sites d’actualité classiques, les plateformes ouvertement parodiques et les sites produisant sciemment des fakes news. Le tout,
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