Les opérateurs téléphoniques font parfois face à des injonctions contradictoires. D’un côté, ils doivent répondre aux demandes de leur clientèle qui souhaite légitimement une couverture mobile toujours plus étendue et des connexions aussi performantes que possibles ; de l’autre, ils sont incités à tenir compte des inquiétudes d’une partie de la population à l’égard des ondes électromagnétiques.
Voilà donc la situation complexe à laquelle les opérateurs vont devoir faire face à Paris. La mairie vient en effet d’annoncer jeudi 2 mars l’adoption d’une charte destinée à plafonner encore plus strictement le niveau maximum d’exposition aux ondes électromagnétiques, ce qui préfigure un véritable numéro d’équilibriste que vont devoir exécuter les opérateurs s’ils veulent couvrir correctement la capitale.
En l’espèce, il est question avec cette charte de procéder à « une baisse de 30 % du seuil maximal autorisé d’exposition aux ondes » au niveau de la Ville Lumière. En fait, il s’agit de fixer le seuil d’exposition maximum à 5 V/m (volts par mètre) équivalent 900 MHz dans les lieux de vie fermés, contre un seuil de 7 V/m qui avait été fixé en 2012. Ce plafond concerne la 4G. Pour la 2G et la 3G, les seuils étaient déjà à 5 V/m.
une baisse de 30 % du seuil maximal autorisé d’exposition aux ondes
La mairie s’est évidemment félicitée de cette nouvelle charte, soulignant qu’elle place la ville en pointe sur le principe de précaution à l’égard des ondes : « cela fera de Paris la métropole la plus protectrice d’Europe, devant Bruxelles, une ville elle aussi très engagée dans ce domaine avec un seuil maximum fixé à 6 V/m », peut-on ainsi lire dans le communiqué.
La charte prendra effet le 1er avril et concernera les 2 240 antennes-relais déjà présentes dans la ville ainsi que toutes celles qui seront érigées par la suite.
Les niveaux fixés en 2012 étaient le résultat d’un compromis avec les opérateurs de téléphonie mobile, qui souhaitaient un plafond rehaussé à 10 ou 15 V/m. De son côté, la mairie avait demandé dix ans plus tôt au secteur des télécoms de contenir, au niveau des lieux de vie, à 2 V/m le niveau moyen d’exposition effective sur 24 heures des Parisiens.
Nocivité non prouvée
La mise en place de cette charte survient dans un contexte où les effets néfastes sur la santé humaine d’une exposition aux radiofréquences ne sont pas avérés. En 2013, un rapport de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail indique qu’après avoir épluché la littérature scientifique internationale, conclut à l’absence de preuves sur une quelconque nocivité.
L’évaluation ne mettent pas en évidence d’effet sanitaire avéré
« Les résultats de l’évaluation des risques liés à l’exposition aux radiofréquences sur la base d’une revue de la littérature scientifique internationale […] ne mettent pas en évidence d’effet sanitaire avéré », écrivait-elle dans ses conclusions. Elle ajoute également qu’il n’est pas nécessaire de « proposer de nouvelles valeurs limites d’exposition de la population ».
L’agence recommande néanmoins, à titre de précaution, « de limiter les expositions de la population aux radiofréquences – en particulier des téléphones mobiles -, notamment pour les enfants et les utilisateurs intensifs, et de maîtriser l’exposition générale résultant des antennes-relais » dont le niveau serait, selon le rapport du comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile à niveau médian relativement bas.
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