Il aura fallu attendre l’audition de Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes pour que l’utilisation de Twitter, courante chez certains députés y compris dans les réunions à huis clos, devienne une affaire d’ampleur nationale. Le président de l’Assemblée Nationale Bernard Accoyer a ainsi fait savoir qu’il comptait mettre la question à l’ordre du jour de la prochaine réunion du bureau de l’Assemblée, qui fixe le règlement intérieur de l’institution.

« Les nouvelles technologies sont là, il faut s’en féliciter, elle font circuler l’information de manière de plus en plus rapide. Mais elles ne peuvent remettre en cause le respect du huis clos lorsque l’Assemblée ou une commission décide de siéger à huis clos« , a-t-il ainsi déclaré à l’AFP. Il donne ainsi raison au journaliste Jean-Michel Aphatie, qui s’offusquait hier non seulement que le tweetage de l’audition des membres de la FFF violait le contrat de confiance passé entre l’Assemblée et les deux auditionnés. Mais aussi et surtout qu’elle ait cassé l’ordonnancement médiatique qui veut que les journalistes soient ceux qui dévoilent ce qui s’est dit derrière les portes mal feutrées.

« Cela ne veut pas dire que le journaliste ne sert plus à rien, bien au contraire. Il est même irremplaçable pour le tri et la vérification des informations, l’analyse, la mise en perspective et l’explication du contexte. En twittant le déroulement d’une audition, je suis dans le témoignage et l’information brute, certainement pas dans l’analyse ou la mise en perspective. Chacun son rôle !« , répondait hier le traître-tweeter Lionel Tardy (UMP) sur son blog. Il développait des arguments voisins de ceux que nous avancions nous-mêmes. Il s’attarde surtout sur la « tartuferie » du huis-clos :

Un certain nombre de personnes me reprochent de « transgresser » les règles. Cela m’amuse un peu, car nombre de personnes ont trangressé le huis clos, mais ils l’ont fait à l’ancienne, en envoyant des SMS sous couvert d’anonymat aux journalistes, en sortant de la salle avant même la fin de l’audition pour s’épancher auprès des journalistes … à commencer par le président du groupe UMP lui-même (photo ci-dessous) … ou en expliquant en détail le contenu de l’audition, dès la fin des débats.

Un exemple supplémentaire de cette tartufferie : pour une question d’emploi du temps, je n’étais pas à l’Elysée hier midi lorsque le Président de la République a reçu les députés UMP. Une réunion politique cette fois-ci, avec des informations à priori confidentielles … et bien tout est dans la presse de ce matin ! Alors arrêtons ce débat sur les pseudos huis clos, qui depuis longtemps n’en portent que le nom. Et encore, je ne parle pas des fuites beaucoup plus graves, lors du Conseil des Ministres.

Vous rêvez d’accéder au compte-rendu intégral de l’audition d’hier : pas de problème, tout sera sur le site internet de l’Assemblée nationale d’ici la fin de la semaine. Peut-on donc parler de réel huis clos ???

Ce huis clos n’avait pas lieu d’être. A moins de sérieuses raisons comme le secret défense ou le secret des affaires : le travail des députés et notamment les auditions doivent être publiques ! Que ce soit pour l’audition de Madame Marais, présidente de l’Hadopi ou celle de Messieurs Domenech ou Escalettes, le huis clos a été demandé par les auditionnés pour leur confort personnel.

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