Peut-on tweeter de tout avec n’importe qui ? Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, l’Utah a procédé à l’exécution de Ronnie Lee Gardner, qui avait demandé à être fusillé plutôt que d’être exécuté par injection létale. Cinq policiers, à 8 mètres de distance, ont tiré sur le condamné qui venait de passer 25 ans dans les couloirs de la mort. Il avait été jugé en 1985 pour avoir tué un barman, puis s’être échappé du tribunal en tuant un avocat et en blessant grièvement un policier.

Libération nous raconte les circonstances qui ont certainement conduit le condamné à ces meurtres :

Pendant ces vingt-cinq années, ses avocats ont plaidé, en vain, que toute sa vie n’avait été qu’une suite de violences et d’abus qui ne lui avaient guère donné de chance de s’en sortir. A l’âge de 2 ans, Ronnie attire l’attention de la police qui le récupère dans la rue, errant vêtu d’une couche. A 6 ans, il sniffe de l’essence et de la colle. A 10 ans, il est déjà passé au LSD et à l’héroïne. A 11 ans, sa mère le fait enfermer en hôpital psychiatrique. Aucune maladie particulière n’est diagnostiquée mais l’hôpital le garde tout de même dix-huit mois.

A sa sortie, son beau-père l’utilise pour faire le guet durant ses cambriolages. Un « ami » de son frère obtient ensuite sa tutelle et en profite pour abuser sexuellement les deux enfants. A 23 ans, endurci par déjà plusieurs séjours en prison, Ronnie Lee Gardner commet son premier meurtre, celui d’un barman à qui il était venu réclamer de l’argent.

Mais loin de toute compassion, l’avocat général de l’Utah Mark Shurtleff a utilisé Tweeter pour raconter le fil de la journée. « Je viens de donner le feu vert au Directeur des Corrections pour qu’il procède à l’exécution de Gardner. Puisse Dieu lui accorder la merci qu’il a refusé à ses victimes« , a-t-il tweeté dans la nuit. La veille, il avait dit sur Twitter pleurer ses victimes, et se félicitait que « justice » soit rendue. Après l’exécution, il a tweeté le lien vers sa conférence de presse en live.

Peut-on, en 140 caractères, se féliciter de la mort d’un homme, fut-il lui-même un meurtrier ? N’est-ce pas là la forme la plus moderne et la plus cynique de la plus détestable des barbaries ?

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