Pour être efficace, une bonne propagande de guerre se doit d’être discrète. Le contre-exemple le plus frappant à l’heure actuelle en France est celui du compte Twitter officiel @StopDjihadisme, dont nous avons montré à quel point il tombe dans la caricature, au moins sur la forme si ce n’est sur le fond. Heureusement, le gouvernement en est conscient.
En tout cas, il cherche une autre stratégie de communication plus fine pour dissuader les jeunes de s’engager dans le djihad, au risque de flirter avec des lignes éthiques discutables. Ainsi selon les informations d’Europe 1, l’État a convaincu les géants américains du web comme Google, Facebook, Microsoft, Twitter ou Apple de financer une fondation de droit privé, qui aura en charge de mener la contre-propagande sur Internet, plus discrètement qu’avec des actions officielles venues du gouvernement français.
« Semer le doute dans l’esprit des jeunes, c’est tout l’enjeu des futures campagnes de déradicalisation en ligne, qui seront imaginées et pilotées par des associations, sans lien avec l’Etat », relève Europe 1.
« Laisser le gouvernement sur la touche est un choix stratégique. Il est en effet difficile de faire entendre un message associé aux décideurs politiques à des jeunes qui rejettent le système en bloc. A l’inverse, s’adosser aux géants du web peut permettre de profiter des compétences de ces entreprises, habituées à diriger des campagnes vers un public cible en fonction de son âge ou de ses centres d’intérêt ».
La radio indique que la fondation, qui devrait financer et coordonner plusieurs associations, pourrait « financer des campagnes de diffusion de témoignages de jeunes revenus d’Irak ou de Syrie » et qu’il y aura des salariés à temps plein, directement ou indirectement payés par les géants du Web, pour répondre aux jeunes qui se montrent tentés par les discours de radicalisation.
La fondation : Une initiative de Manuel Valls
Facebook semble avoir pris le lead sur le projet, puisque le réseau social de Mark Zuckerberg réunit ce lundi 20 associations à Paris (dont la Licra et SOS Racisme), pour préparer les campagnes. « Les terroristes n’ont pas leur place sur Facebook », avait expliqué l’entreprise quelques mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’épicerie juive de la porte de Vincennes, en acceptant de répondre à l’appel de coopération lancé par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
L’idée de la fondation de droit privé mais d’initiative publique avait été avancée par le premier ministre Manuel Valls en mai 2015, lorsqu’il avait annoncé la formation d’un « bataillon de community managers de l’État ».
Il est difficile pour les autorités, pour l’État, pour les adultes, de s’adresser aux jeunes concernés
« Nous allons donc mettre en place un bataillon de community managers de l’Etat pour opposer une parole officielle à la parole des djihadistes, et ne pas leur laisser l’espace numérique. Mais nous savons qu’il est difficile pour les autorités, pour l’État, pour les adultes, de s’adresser aux jeunes concernés, les djihadistes utilisant la théorie du complot justement pour décrédibiliser la parole officielle », avait-il expliqué pour justifier de masquer partiellement la parole de l’État sous celle de personnes privées.
Le chef du gouvernement avait alors annoncé le projet d’une fondation, en indiquant qu’elle « fera de la recherche sur l’évolution du discours et de la propagande djihadistes », et produira des « outils de ”contre-discours” pour alimenter ces community-managers associatifs ».
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