Fraîchement embarqué à la tête du Nouvel Observateur après avoir quitté par surprise la direction de la Fnac, Denis Olivennes témoigne dans une lettre ouverture de sa passion toute relative pour Internet. Celui qui a mené une offensive contre le téléchargement illégal veut faire de son journal un exemple de comportement éthique et civilisé dans le monde « sauvage » qu’est Internet. Le ton est donné…

Il faudra observer le Nouvel Obs, maintenant que Denis Olivennes en a pris les commandes. L’ancien patron de la Fnac et ancien président de Canal+ France saura-t-il respecter la ligne progressiste suivie par le Nouvel Observateur face à la question du téléchargement illégal ? Alors que le journal lançait en 2005 son appel « Nous sommes tous des pirates« , pour réclamer aux pouvoirs publics l’ouverture d’un vrai débat sur les moyens alternatifs à la répression et en particulier sur la licence globale, Denis Olivennes a présidé fin 2007 une mission sur la lutte contre le téléchargement illégal dont l’objectif était au contraire de remettre au goût du jour la répression et de mettre en place la riposte graduée.

Les journalistes du Nouvel Obs seront-ils libres de traiter avec le même ton les débats sur la future loi relative à la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), qui transpose les conclusions des travaux de leur nouveau directeur Denis Olivennes ?

Devenu directeur général délégué et directeur de la publication du Nouvel Observateur, le nouveau patron de presse donne le ton dans une lettre ouverte adressée aux lecteurs du magazine. « La révolution Internet est une chance pour le développement de la communication« , écrit Denis Olivennes, « mais elle remet en cause aussi les modèles économiques traditionnels de la presse, et menace peut-être jusqu’à son existence telle que nous la connaissons« . « Elle place trop souvent sur le même plan le vrai et le faux, le savoir et l’opinion, l’information et la rumeur« , ajoute-t-il dans une tirade qui sonne comme un avertissement adressé au journaliste maison Airy Routier qui avait, sur le site du Nouvel Obs, publié l’invérifiable information concernant le SMS prétendûment envoyé par Nicolas Sarkozy à son ancienne épouse. La révolution internet, continue Denis Olivennes « se développe dans les marges du droit, notamment celui qui protège la dignité de la personne humaine, elle bouleverse radicalement la société d’information dans laquelle nous vivons« .

Dans ce paysage noirâtre, le Nouvel Observateur devra défendre « les principes de vérification, de hiérarchisation, d’interprétation des informations, et, plus généralement, de respect intransigeant des valeurs éthiques qui constituent son identité même, contribuant ainsi à civiliser l’univers pour l’instant sauvage du Net« .

Tiens donc… « civiliser l’internet sauvage », cela nous rappelle quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Ce sont très exactement les mots qu’avait employés Nicolas Sarkozy en novembre 2007 dans un discours qui saluait l’accord intervenu entre les professionnels du cinéma, de la musique et de l’accès à Internet. Un accord justement conclu dans le cadre de la mission confiée à Denis Olivennes.

Un hasard, très certainement.

Un hasard aussi, le fait que l’annonce de l’arrivée à la tête du Nouvel Observateur de ce « sarkozyste d’ouverture » arrive quelques jours seulement après que le Président a retiré sa plainte pour faux et usage de faux à l’encontre du journal dans l’affaire du SMS.

Qu’on se le dise, il faudra observer le Nouvel Obs. Numerama s’en chargera en ce qui concerne le projet de loi Hadopi.

(illustration : Gio)


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