La prédominance de Google sur Internet fait germer les craintes à mesure que la firme de Mountain View collecte de plus en plus de données privées sur les utilisateurs. Un brevet déposé le mois dernier par Google vient encore renforcer la méfiance, puisqu’il propose d’analyser le comportement des joueurs dans les jeux en ligne pour établir leur profil psychologique.

Comme toujours avec Google, le but est in fine de mieux vendre ses publicités. Le moteur de recherche, qui est surtout devenu en quelques années la plus grande régie publicitaire au monde (position renforcée récemment par l’acquisition de DoubleClick), a bien l’intention d’étendre son empire publicitaire aux jeux vidéo. Il a racheté l’an dernier la société AdScape, spécialisée dans la diffusion de publicités au coeur des jeux-vidéo. Mais Google sait d’expérience que pour qu’une publicité soit efficace à tous les niveaux, il faut qu’elle soit le mieux ciblée possible.

Ainsi, la firme a déposé le mois dernier aux Etats-Unis et en Europe un brevet sur la création de profils psychologiques établis à partir de l’observation du comportement des joueurs dans les jeux en ligne. Par exemple, « les conversations de l’utilisateur (par ex. dans les jeux de rôle, les jeux de simulation, etc.) peuvent être utilisées pour caractériser l’utilisateur (par ex. instruit, profane, brutal ou poli, discret, etc.)« . « Egalement, le style de jeu peut être utilisé pour caractériser l’utilisateur (par ex. prudent, preneur de risques, aggressif, qui évite la confrontation, furtif, honnête, coopératif, pas coopératif, etc.)« , précise le texte du brevet.

L’ensemble pourra être utilisé pour délivrer aux joueurs des publicités ciblées en fonction de leurs comportements respectifs. Celui qui aime se balader dans les grands paysages sera servi par des annonces de voyages tandis que celui qui passe son temps à discuter se verra proposer des offres d’opérateurs mobiles.

Le système, qui doit être implanté par les éditeurs de jeux-vidéo, pourrait être utilisé sur n’importe quelle plate-forme, y compris sur les consoles PlayStation 3, Xbox 360 ou Nintendo Wii. Les sauvegardes des jeux, parce qu’elles contiennent des informations précieuses sur les types de jeux et parfois de comportements, peuvent également servir de base aux analyses.

Pas d’exploitation de la technologie « dans le futur proche »

Interrogé par le Guardian, Google a indiqué que la technologie brevetée n’était pas destinée à être exploitée « dans un futur proche ». Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne le sera jamais. La firme affirme qu’il s’agit de l’un des nombreux brevets qu’elle a déposé ces derniers mois sans forcémment avoir d’intention commerciale de les exploiter. Cependant, il y a une pression de plus en plus forte pour installer dans les jeux vidéo un marché publicitaire, et Google n’y restera pas sourd.

Même s’ils se disent soucieux de préserver la vie privée des joueurs, les éditeurs ne devraient pas faire monstre de difficultés à implanter la technologie s’ils obtiennent en retour une nouvelle source de revenus, à l’instar des sites web qui installent sur leurs pages des espaces réservés aux annonces AdSense de Google.

Verra-t-on un jour Google se lancer dans le marché du jeux-vidéo gratuit, pour dynamiser son offre ?

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