Depuis que le rapport de Forrester Research sur les ventes d’iTunes a été repris dans la presse et largement commenté, c’est la panique chez Apple. La société de Steve Jobs est en colère et essaye de ramener la presse à la raison.

Mardi, nous rapportions comme nombre de nos confrères les conclusions du rapport de Josh Bernoff, l’analyste de Forrester Research. Alors que rien ne semblait le laisser présager, Bernoff indiquait que sur le premier semestre 2006, les ventes d’iTunes avaient baisser de 65 %. Il se basait sur une analyse de 2.791 transactions par carte bleue. Dans son rapport, l’analyste précisait bien qu’il était très difficile d’en tirer des conclusions et spécifiait qu’il pouvait s’agir d’une simple baisse saisonnière et non d’une tendance à généraliser. Mais les chiffres étaient là, frappants par leur ampleur.

Depuis, toutes les études communiquées par d’autres instituts ont été dans le sens contraire de l’analyse de Forrester Research. Nielsen Soundscan a rappelé que les ventes de musique en ligne ont augmenté de 75 % en volume par rapport à l’année 2005. Piper Jaffray, qui est proche d’Apple et dispose d’informations souvent pertinentes, a indiqué très vite que le nombre de chansons vendues par semaine sur iTunes avait bondi de 78% au cours des neuf premiers mois de l’année. Selon Piper Jaffray, Apple aurait vendu 695 millions de chansons entre janvier et septembre, et Apple lui-même annonce qu’il a dépassé les 1,5 milliard de chansons vendues depuis le lancement d’iTunes. Le milliard avait été atteint en février 2006.
Un autre institut, Comscore Networks, affirme en totale opposition avec Forrester que les ventes sur iTunes ont en fait augmenté de 84 % en valeur sur les neuf premiers mois de l’année, par rapport à 2005.

Apple met la pression sur l’analyste

Toutes ces études, qui ont le grand avantage de sauter sur l’occasion pour décribiliser le concurrent aux yeux du monde entier, ont aidé Apple à limiter les dégats. Mardi, l’action perdait près de 3 % de sa valeur avant de les reprendre aussitôt dès le lendemain. Mais Apple n’est pas pour autant satisfait, et la firme de Cupertino met la pression sur Josh Bernoff pour qu’il corrige le tir. Fait unique et significatif, le service presse d’Apple nous a contacté jeudi pour nous pointer un message posté par l’analyste de Forrester Research sur son blog. « Les ventes d’iTunes ne piquent PAS du nez« , peut-on lire en grosses lettres sur la note de Bernoff. Et l’analyste de faire d’abord reposer toute la faute sur le téléphone arabe de la presse, avant de s’attaquer à… Apple.

« Le porte-parole d’Apple m’a appelé et, bien qu’ils refusent de communiquement publiquement le moindre fait, ils sont clairement en colère« , indique Bernoff, qui a aussi reçu des appels de fonds d’investissement. Clairement, Apple et ses financiers ont fait pression sur l’analyste pour qu’il corrige le tir publiquement. Bernoff s’exécute mais critique surtout la totale opacité d’Apple dans cette affaire. La seule réaction officielle de la firme de Cupertino a été de juger les chiffres donnés par Bernoff comme « incorrects » et de rappeler qu’iTunes est le quatrième vendeur de musique aux Etats-Unis, tous supports confondus. Léger lorsque l’on veut rassurer ses investisseurs.

« Leur réticence à commenter publiquement ou en privé sur quoi que soit […] alimente les spéculations, pour ou contre, de la part des partisans ou des détracteurs« , regrette Bernoff. « Peut-être est-il temps pour Apple de partager un peu plus« .


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