La Russie a annoncé son intention de remplacer ses ordinateurs et serveurs équipés de processeurs américains AMD ou Intel par ses propres processeurs, basés sur une architecture ARM.

Est-ce un signe supplémentaire d'un retour à la guerre froide ou un simple patriotisme économique ? La Russie manifeste de plus en plus un désir d'indépendance technologique à l'égard des Etats-Unis, et le fait savoir. Après avoir créé son propre clone d'Android, ou s'être interdit l'utilisation des iPad au profit des tablettes Samsung réputées plus sûres, le gouvernement de Vladimir Poutine a annoncé son intention de remplacer tous les processeurs Intel ou AMD utilisés par l'armée ou par l'administration russe.

La Russie a l'intention de créer ses propres processeurs basées sur une architecture ARM, qui seront baptisés "Baïkal" en référence au grand lac de la Sibérie. Les processeurs Baikal seront conçus par le spécialiste russe des supercalculateurs T-Platforms, en lien avec la Rostec (une association d'industries high-tech russes) pour et Rusnano, un fonds souverain dédié aux nanotechnologies. 

Selon la presse russe, les premiers processeurs Baikal M et Baikal M/S seront basés sur un processeur Cortex A-57 64 bits conçus par ARM (une société britannique), cadencés à 2 GHz. Dotés de 8 coeurs, ils seront gravés en 28 nm et pourront être utilisés aussi bien dans des PC de bureau que des serveurs.

Contrairement à Intel ou AMD qui fabriquent eux-mêmes leurs processeurs dans leurs usines, ARM ne fait que mettre au point les plans de conception de ses puces, qu'il propose ensuite sous licence à tous les fabricants. Les Russes pourront ainsi construire leurs processeurs dans leurs propres usines, et réaliser les études de rétro-ingénierie nécessaires pour s'assurer qu'ils ne cachent aucun backdoor.

Comme pour les précédentes annonces, seuls les matériels informatiques officiels de l'état russe seront concernés. Ce qui représente tout de même un volume de commande de plus de 700 000 ordinateurs par an et 300 000 serveurs, et un total de 5 millions d'appareils à remplacer à terme par des processeurs Baikal.


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