L’attente était immense à Lyon, lors de l’ouverture en juin 2025 du procès des responsables du piratage d’Adecco.
Ce vol massif de données personnelles chez le géant français de l’intérim avait permis d’escroquer des milliers de personnes, dont les informations étaient enregistrées dans les bases de données de la société d’intérim, basée à Villeurbanne.
Au moment du jugement, près de 100 000 victimes avaient été identifiées, dont quelque 6 000 parties civiles réclamant des dommages et intérêts, défendues par plus de 360 avocats.
Le 26 septembre 2025, un seul homme comparaissait détenu au moment du verdict : Timothée Lhomond, âgé de 20 ans au moment des faits. Suspecté d’être le cerveau d’un réseau de cybercriminels fort de 14 personnes, il était poursuivi pour 20 chefs d’accusation, dont escroquerie en bande organisée, blanchiment, fabrication de faux papiers d’identité, ou encore atteinte à des systèmes de données.



Un CEO en guise de cerveau et un alternant comme porte d’entrée
À la barre, Timothée Lhomond est présenté comme un hacker de haut niveau, une étiquette qu’il réfute catégoriquement. D’après l’accusation, il aurait débuté les arnaques en ligne à tout juste 17 ans, avant de suivre un cursus en alternance et de fonder sa propre entreprise de cybersécurité, spécialisée dans… la gestion des fuites de données pour les entreprises.
Une aventure entrepreneuriale stoppée nette, il y a deux ans, par son arrestation dans le cadre de l’enquête sur le piratage d’Adecco. La procureure avait requis 7 ans de prison, il écope finalement de 6 ans ferme et 30 000 € d’amende.
La présidente du tribunal a justifié cette lourde peine par l’ampleur des escroqueries, les préjudices importants infligés aux victimes, et le fait que Lhomond avait poursuivi ses manœuvres frauduleuses depuis sa cellule, allant jusqu’à tenter d’influencer témoins et complices grâce à un téléphone de contrebande.
Ses 13 complices, pour la plupart très jeunes, ont, eux aussi, été condamnés à des peines de prison de 6 mois à 3 ans, certaines aménageables sous bracelet électronique.
L’accès initial à la base de données d’Adecco avait été rendu possible grâce à la complicité d’un alternant de 19 ans, approché par Lhomond et ses associés sur un forum du dark web, et qui avait vendu ses identifiants. Lui a écopé de deux ans de prison, dont un avec sursis.
Outre la condamnation, les parties civiles attendent des dédommagements
Pour l’indemnisation des victimes, le tribunal correctionnel a renvoyé les demandes d’Adecco France, des organismes publics comme la Caisse des Dépôts et Consignation (impactée à hauteur de 2,2 millions d’euros), ainsi que des compagnies d’assurances et de certains particuliers, à une audience au civil fixée au 30 novembre 2026.
L’ampleur du réseau d’escroqueries était tel que des milliers de victimes et leurs avocats ont dû suivre le procès à distance, parfois depuis des amphithéâtres universitaires ou en direct sur une webradio.
Le tribunal a rejeté certaines requêtes et ordonné à 6 des condamnés d’indemniser directement les autres pour des montants allant de 49,85 à 500 euros.
Les quelque 6 000 parties civiles constituées réclament désormais des dommages et intérêts, le préjudice d’anxiété morale ayant été retenu par la juridiction.
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