Bien que censuré en Arabie saoudite, Twitter compte une importante communauté de Saoudiens. Certains d'entre eux ont ainsi utilisé le réseau social pour prêter allégeance au nouveau roi, pour s'épargner le voyage jusqu'à Riyad.

Voilà qui illustre bien la situation paradoxale dans laquelle se trouve l'Arabie saoudite. La pétromonarchie du Golfe, qui est depuis de nombreuses années un pays ennemi d'Internet selon le classement réalisé par RSF, et qui se montre très cruelle envers ceux qui critiquent en ligne la dynastie en place ou l'islam, n'hésite pourtant pas à se servir du réseau des réseaux quand elle y voit un intérêt.

La semaine dernière, RFI racontait que les Saoudiens ont l'obligation de prêter allégeance lorsqu'un nouveau roi monte sur le trône. Avec la disparition du précédent roi à 90 ans, remplacé par son demi-frère, âgé de 79 ans, les sujets d'Arabie saoudite ont dû se plier à cette règle. Or, Twitter est manifestement de plus en plus utilisé pour marquer leur obéissance envers leur nouveau dirigeant.

Selon la station de radio, un mot-clé ("je prête allégeance au roi Salman") s'est progressivement imposé sur Twitter auprès des Saoudiens ayant accès à Internet, pourtant frappé d'une "censure implacable", explique Reporters Sans Frontières. Cette apparente modernité, dans un pays qui continue d'appliquer la peine de mort, de discriminer les femmes et d'entretenir une police religieuse, a de quoi surprendre.

Cette utilisation va-t-elle accentuer la légitimité de Twitter dans le pays ? On peut raisonnablement en douter, vu la politique de censure actuellement en vigueur, même si dans le cas de figure actuel elle sert les intérêts de l'Arabie saoudite, et malgré l'importante communauté saoudienne se trouvent sur le réseau social (on recensait début 2013 3 millions de comptes dans le pays, avec un fort taux d'adoption).

RSF rappelle ainsi que l'Arabie saoudite a commencé à s'attaquer aux utilisateurs de Twitter au cours de l'été 2009, lorsque les comptes de deux militants des droits de l’homme, Khaled Al-Nasser et Walid Abdel-Kheir, ont été bloqués. Et l'an dernier, la "police religieuse et éthique" serait parvenu à obtenir la neutralisation (blocage, fermeture et /ou arrestation, selon les cas) de plus de 10 000 comptes.

De son côté, Twitter a reconnu qu'il lui arrive de coopérer avec les autorités saoudiennes. Mais, la participation du réseau social serait a priori très limitée, du fait du nombre très bas de requêtes envoyées par le pays : pour la période 1er janvier – 30 juin 2014, seuls 196 comptes auraient été visés et moins de 1 % d'entre eux a effectivement donné lieu à une communication.

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