Fin février, Mozilla a annoncé le développement d'une fonctionnalité expérimentale visant à empêcher l'installation automatique sur les ordinateurs des internautes des cookies provenant de services tiers. Prévue pour une version ultérieure de Firefox, la mesure a immanquablement suscité une vive inquiétude chez les services dont le modèle économique propose la gratuité contre la publicité.
En France, l'association des services Internet communautaires (ASIC) a évoqué "un impact sur les revenus publicitaires" pouvant remettre en cause "la gratuité de certains services offerts aux utilisateurs". En revanche, l'Internet Society France (ISOC) a rappelé "qu'il ne revient pas à un éditeur de transmettre à d'autres acteurs des données à caractère personnel […] sans le consentement explicite de l'utilisateur".
Soucieux d'apporter des éclaircissements, le président de Mozilla Europe a accordé un entretien à Télérama dans lequel il revient sur les raisons qui ont conduit la fondation à concevoir cet outil. "Cette fonctionnalité résulte d'une demande de la part des internautes", explique Tristan Nitot, relevant qu'un sondage révélait le souhait d'une majorité (68 %) de disposer d'un outil simple pour contrôler le pistage de leurs données.
"Il y a donc une vraie attente du public quant au respect de sa vie privée. Or, c'est un élément constitutif de l'ADN de Mozilla depuis les débuts, et nous sommes même reconnu pour cette qualité", poursuit-il, assurant que le but n'est pas de tuer la publicité. "La survie de tout cet écosystème passe par celle des acteurs économiques, et donc des régies publicitaires. Nous ne voulons donc pas leur disparition".
Surtout, "Firefox ne bloquera pas toutes les publicités". Ce n'est pas son rôle. Des extensions existent pour ceux souhaitant aller plus loin. "En aucun cas, il ne s'agit d'installer une fonctionnalité radicale, du type Adblock Plus, dans notre navigateur". "Le navigateur ne bloquera que les cookies des publicités sur lesquelles l'internaute n'a pas choisi de cliquer. Ce qui est très différent".
"Internet est un formidable outil qui se doit d'être au service de ses utilisateurs", continue Tristan Nitot. Il faut donc que la protection de leur vie privée soit assurée. "Le choix n'est pas aussi binaire qu'on veut bien le dire. Nous ne proposons pas aux gens d'être pour ou contre la publicité". Mais la décision doit revenir à l'usager, qui aura de toute façon le choix de désactiver cet l'outil. Mais encore faut-il connaître son existence.
Au cours de l'entretien, Tristan Nitot a par ailleurs rappelé que d'autres navigateurs web suivent une politique similaire. S'il a cité Safari en exemple, il est possible de mentionner Internet Explorer. En outre, l'outil ne sera pas disponible tout de suite dans la version finale de Firefox. S'il doit arriver, ça sera bien plus tard que début avril. Or, "nous ne savons pas quand cette version sortira".
( photo : CC BY-SA Luc Legay )
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.