Au premier semestre 2010, le marché numérique de la musique a progressé de 26,9 % à 42,5 millions d’euros, hors streaming et sonneries musicales. Il représente désormais 10,5 % du marché total de la musique enregistrée. Mais loin d’être optimiste, l’Observatoire de la Musique dénonce la très forte concentration du marché, qui ne profite qu’aux majors de l’industrie.

Nous avons souvent souligné la qualité remarquable du travail livré par l’Observatoire de la Musique, qui publie régulièrement état des lieux très détaillé et sans concession du marché de la musique en France et en Europe. Une véritable référence, qui montre qu’il existe encore des institutions indépendantes même lorsqu’elles sont au contact rapproché des industries musicales et de leurs lobbyistes. La dernière livraison ne fait pas exception.

L’Observatoire de la Musique a en effet publié son état de lieux de l’offre de musique numérique au premier semestre 2010 (.pdf), qui ne ménage pas les grandes maisons de disques et n’affiche pas d’optimisme béat sur les chances de succès de la riposte graduée. Il constate que le marché de la musique numérique est « déjà fermé, concentré au bénéfice de quelques acteurs de taille internationale qui n’ont de cesse d’élever les coûts d’entrée« , et que « les accords a minima signés sont insurmontables financièrement, pour les PME européennes et françaises dont la valeur ajoutée parait infinitésimale« . C’est toute la question de la licence de gestion collective d’abord approuvée par Nicolas Sarkozy, puis enterrée sous la pression des producteurs, et finalement remise à l’ouvrage par NKM.

Cette licence de gestion collective retirerait aux producteurs le droit de refuser qu’un marchand vende sa musique sur Internet. Les autorisations seraient délivrées d’office, selon des conditions financières égales déterminées par une commission, à la manière des redevances payées par les radios FM. « Certains répertoires locaux sont même refusés aux opérateurs locaux au prétexte que ce n’est pas négocié à l’international« , critique l’Observatoire, qui constate que seuls les mastodontes mondiaux comme Apple, Google, Microsoft, et Amazon ont accès à tous les marchés.

L’étude pointe du doigt « une confrontation terrible pour les secteurs de production de contenus musicaux où perdurent des pratiques illisibles, voire inextricables du point de vue de l’usager qui ne retient que la lourde
contrainte du respect des droits de la propriété intellectuelle à leur désir de consommation et de partage
« .

« L’inviolabilité de ce droit, condition sine qua non du droit de la création, ne saura trop longtemps être freinée par l’absence d’accords professionnels« , tranche l’Observatoire. Manière de dire que l’effet de l’Hadopi ne durera pas longtemps si l’offre légale n’est pas suffisamment dynamique pour répondre aux besoins qui justifient le piratage.

Comme nous le craignons depuis de nombreuses années, ce qui nous avait amené à défendre la licence globale, le marché de l’offre légale connaît également déjà une concentration des catalogues, au détriment des labels indépendants qui souffrent d’une sous-exposition. « Alors qu’ils étaient présents sur 94% de sites au 1er semestre 2009, 83% au 2ème semestre 2009, les catalogues de labels indépendants ne sont plus présents que dans 75% des sites au 1er semestre 2010« , constate l’Observatoire. La chute est vertigineuse. Plus rapide encore que la chute des ventes de disques, qui a justifié le plan ORSEC du gouvernement, autrement appelé Hadopi.

Les contenus créés par les utilisateurs eux-mêmes (UGC) reculent aussi. Sur la centaine de services audités, ce type de contenu a reculé de 37 % de présence sur les services au 1er semestre 2009 à seulement 13 % au 1er semestre 2010.

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