La fondation Wikimedia qui édite l’encyclopédie Wikipedia est accusée par plusieurs centaines de contributeurs d’avoir accueilli à son conseil d’administration un ancien directeur des ressources humaines de Google, impliqué dans un scandale d’entente visant à éviter une flambée des salaires.

L’éditeur de Wikipedia est actuellement aux prises avec sa communauté américaine. Plus de 270 collaborateurs de l’encyclopédie collaborative ont signé un appel à renvoyer sur le champ Arnnon Geshuri, qui a été nommé jusqu’en décembre 2017 au Conseil d’administration de la Fondation Wikimedia, qui compte 10 membres.

Les bénévoles reprochent à l’association d’avoir admis dans ses rangs ce spécialiste des ressources humaines, aujourd’hui directeur RH chez Tesla, alors qu’il est directement impliqué dans un scandale d’entente visant à limiter les salaires dans la Silicon Valley.

Geshuri était en effet aux ressources humaines de Google de 2004 à 2009, lorsque des emails ont été échangés notamment entre Apple et Google, pour faire respecter un accord secret de non-débauchages qui visait à éviter une flambée des salaires des ingénieurs. Il était alors responsable d’un département de 900 recruteurs, qui traitaient plus de 2,5 millions de candidatures par an, et c’est lui qui jouait les intermédiaires actifs entre Eric Schmidt et Steve Jobs.

geshuri

Arnnon Geshruri, membre contesté du Conseil d’administration de Wikimedia

L’intégrité est au coeur de nos valeurs

En 2010, l’administration américaine avait estimé que cette entente était illicite, puisqu’elle privait les employés de valoriser correctement leur savoir-faire sur le marché du travail, en faisant jouer la concurrence. Les entreprises en cause (Google, Apple, Intel, Adobe, Intuit, LucasFilm et Pixar) avaient alors signé un accord amiable avec le gouvernement fédéral, et les employés avaient obtenu collectivement 415 millions de dollars de dédommagement lors d’une class action.

Lors de l’annonce de sa nomination à la fondation Wikimedia, des contributeurs ont donc jugé que Geshuri n’avait rien à faire au conseil d’administration, et demandé son renvoi immédiat. « L’intégrité est l’une de nos valeurs clés », écrit Florence Devouard, ancienne présidente de Wikimedia de 2006 à 2008. « Si le processus de sélection avait été fait correctement, je pense que le Conseil se serait retenu de le sélectionner lui, ou au moins aurait pris le temps de répondre au problème avant d’annoncer la nomination », tacle-t-elle.

 Arnnon Geshuri dispose pour l’instant de l’appui du Conseil, mais ça pourrait ne pas durer. « Nous comprenons que cette conversation continue, et nous allons continuer à la suivre », a prévenu Alice Wiegand, vice-présidente du Conseil d’administration de la Wikimedia Foundation. « Toutefois, nous voulons qu’il soit clair que le Conseil a approuvé Arnnon a l’unanimité, et qu’il croit toujours qu’il est un membre de valeur de l’équipe ».

Le vote défiance organisé par les contributeurs a un poids symbolique certain, mais il n’a en revanche aucune force contraignante sur le plan juridique. Le Conseil d’administration a son indépendance et les bénévoles ne peuvent pas en renverser les membres.

 

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