Alors que le HTML 5 pointe le bout de son nez, la balise relance la bataille pour le type de codec à utiliser. Si certaines plates-formes optent pour une solution libre et gratuite, d’autres se sont intéressés à une option accessible grâce à une licence. Avec en toile de fond, une bataille de navigateurs.

Les grandes manœuvres des hébergeurs vidéo autour du HTML 5 ont commencé. Ces derniers jours, deux des plus importants hébergeurs de vidéo (YouTube et Vimeo) ont commencé une intégration plus poussée de la prochaine évolution majeure du HTML. En effet, le célèbre langage de balisage va mettre à disposition un certain nombre d’éléments nouveaux, dont des balises spécialement dédiées au contenu multimédia. Parmi celles-ci, nous retrouvons la balise

Le lecteur Flash d’Adobe, qui reste la technologie majoritairement utilisée sur les plates-formes vidéo, pourrait donc voir son emprise décliner. Critiqué parce que propriétaire, la solution d’Adobe pourrait très bien être reléguée au rang d’alternative, et non plus comme solution principale. Sauf que s’il y a consensus autour des bienfaits de l’HTML 5 et de sa balise

Et c’est justement sur ce point-là que les clivages se révèlent. Tandis que Dailymotion a opté pour la solution libre et gratuite du codec Ogg Theora, YouTube et Vimeo se sont laissés séduire par le format H.264. Et ce dernier est loin d’être gratuit : il faut s’acquitter d’une licence de 5 millions de dollars par an pour avoir le droit de proposer un contenu encodé en H.264. Et à cette situation déjà compliquée s’ajoute les positions idéologiques des sociétés développant des navigateurs web.

C’est le cas de Firefox, qui par la voix du vice-président de la Fondation Mozilla, explique vouloir s’assurer que tel ou tel codec ne constitue pas une « barrière pour des individus souhaitant bâtir un nouveau navigateur web, l’adapter sur un nouvel appareil ou système d’exploitation, ou encore qui souhaiteraient mettre au point des outils pour générer du contenu« . Car avec une licence à 5 millions de dollars, pas sûr que cela encourage l’innovation.

Mozilla va donc mettre tout son point pour soutenir le format libre et gratuit Ogg Theora, au détriment du H.264. Deuxième navigateur dans le monde en termes de parts de marché, Firefox a également réussi l’exploit de s’imposer comme premier navigateur web dans quelques pays européens de l’est. Pour la France, la part de marché de Firefox est estimée à 24,61 %, contre 62,69 pour Internet Explorer. Peut-on alors imaginer un scénario où YouTube et Mozilla s’opposent de front autour d’un codec ?

Car derrière YouTube se profile l’ombre de Google et son navigateur Chrome, mais dont les parts de marché restent encore relativement basses. Cependant, lui et Safari sont d’ores et déjà compatibles avec le codec H.264 et n’ont donc pas de problème majeur avec la migration HTML 5 de YouTube. Pour Mozilla en revanche, c’est une autre histoire. Si la Fondation ne parvient pas à persuader YouTube de revenir sur l’Ogg Theora, alors Firefox risque d’être rapidement déserté : et pour cause, le navigateur serait jugé incompatible avec YouTube. Un comble !

D’une certaine façon, Mozilla est à la croisée des chemins : soit la Fondation fait une entorse à l’idéologie des standards web ouverts – et poursuit son développement en conservant ses parts de marché -, soit elle décide de garder le cap en se focalisant sur l’Ogg Theora : mais les conséquences pourraient être désastreuses pour l’avenir du navigateur, puisque de nombreux internautes abandonneraient Firefox. Car qu’on apprécie ou non YouTube, la plate-forme reste la principale destination ludique, avec un milliard de vidéos vues par jour.

Scénario improbable ? À voir, d’autant que Google est en négociation avec la société ON2, une société spécialisée dans la compression en haute qualité. Mais tout n’est pas perdu pour autant. Si Mozilla, Chrome et Safari se sont déjà positionnés, tout le monde attend de savoir ce que décidera Internet Explorer et ses 67 % de parts de marché dans le monde. S’il y a un acteur qui risque de peser dans ce débat, c’est bien Microsoft.

Et les utilisateurs finaux alors ? Sans doute que la plupart d’entre eux se moque éperdument de ce débat idéologique, technique et financier. L’essentiel, c’est d’accéder correctement aux sites et aux services qui les intéressent. Si un navigateur n’y parvient pas, pour une raison ou pour une autre, alors ils en changeront très facilement.


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