Dans le cadre de son offre Jamendo Pro réservée aux entreprises qui souhaitent exploiter commercialement les chansons sous musique libre, Jamendo a signé un accord commercial avec Deezer. Non sans quelques effets pervers pour la musique libre…

Mise à jour : Contrairement à ce que nous avions cru comprendre, l’adhésion au programme Jamendo Pro n’emporte pas diffusion automatique des morceaux sur Deezer. Tous les artistes doivent explicitement demander à figurer sur Deezer, qu’ils soient inscrits au programme Pro ou non. Voici comment se présente la page d’adminitration des artistes qui diffusent leur musique sur Jamendo (merci à eux pour la capture d’écran) :

Article du 8 décembre 2009 – Le site de musique libre luxembourgeois Jamendo a fait savoir mardi par un communiqué qu’il venait de signer un accord avec le site de streaming Deezer. Lequel « propose désormais aux deezernautes d’écouter et de télécharger gratuitement et légalement son catalogue de musique libre« . Une annonce à première vue étonnante, puisque le principe-même de la musique libre est de ne pas nécessiter d’accord.

Mais une partie importante du catalogue de Jamendo est couverte par une clause optionelle des licences Creative Commons qui interdit toute utilisation commerciale des morceaux mis à disposition. Or Deezer, par ses publicités et désormais ses abonnements payants, fait une utilisation clairement commerciale des morceaux diffusés. D’où la nécessité d’un accord.

A cet égard, Jamendo a lancé en début d’année une offre Jamendo Pro qui propose aux entreprises d’acheter les droits d’exploitation commerciale des morceaux, le site se chargeant ensuite de rétribuer les artistes qui adhèrent au programme. Selon la page consacrée à Jamendo Pro, le service compte à l’heure actuelle 1704 artistes et 41000 titres disponibles, sur un total d’environ 200.000 titres référencés par Jamendo.

En théorie, Deezer pourrait diffuser toute la musique de Jamendo Pro sans signer quoi que ce soit avec la plateforme luxembourgeoise, qui ne bénéficie d’aucune exclusivité. Chaque artiste pourrait ainsi négocier lui-même un accord individuel pour son propre catalogue. Mais la plateforme ne souhaite sûrement pas s’embêter à négocier artiste par artiste, ce qui lui coûterait beaucoup de temps et donc d’argent, alors qu’elle peut obtenir un catalogue de plus de 40.000 chansons exploitables avec une seule signature.

De ce fait, un artiste comme Sean Fournier, qui réserve l’utilisation commerciale de ses morceaux mais qui n’adhère pas au programme Jamendo Pro n’est pas « écoutable » sur Deezer.

Jamendo, qui se réserve 50% des revenus au prorata des licences vendues, devient ainsi un intermédiaire quasi indispensable pour l’artiste de musique libre qui souhaite être rémunéré de ses diffusions sur Deezer. Une situation qui peut déplaire mais qui est difficilement contestable puisque n’importe quel concurrent à Jamendo Pro pourrait se monter et proposer par exemple des taux de reversements plus attractifs. Deezer pourrait alors négocier avec chacun des intermédiaires qui se feraient concurrence. C’est la loi du marché.

Mais ce qui est beaucoup plus embêtant, c’est que l’accord signé entre Jamendo et Deezer semble couvrir exclusivement les artistes du catalogue Jamendo Pro, et pas les œuvres d’artistes comme Brad Sucks qui n’interdisent pourtant pas l’utilisation commerciale de leur œuvre. Avec l’accord entre Jamendo et Deezer, ceux qui laissent libre et gratuite la diffusion de leur musique bénéficient d’une moindre exposition que ceux qui ont choisi de la restreindre et de la faire payer. Un comble.

« Une question d’éthique« , selon Jamendo que nous avons contacté pour avoir des explications. Le site se veut être un « service à la carte« , et l’artiste qui n’adhère pas au programme Pro peut quand même se rendre dans son espace d’administration pour accepter explicitement sa diffusion sur Deezer.


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