Dix ans après la création de Napster, les maisons de disques n’ont toujours pas réussi à combattre le piratage, et les perspectives de croissance du téléchargement payant sont maigres. Aux Etats-Unis, Warner Music Group a commencé à faire le tour des Universités pour proposer une trêve dans la guerre entre les internautes et les maisons de disques, à travers la mise en place d’une licence globale.

En mars dernier, nous avions relevé que Warner Music Group s’était ouvert à l’idée d’une licence globale pour le financement de la création musicale. Elle venait d’embaucher Jim Griffin (photo ci-contre), un consultant de l’industrie musicale qui pousse à la création d’une taxe globale répartie entre les différentes maisons de disques en fonction du succès de leurs artistes sur les réseaux P2P et les différentes plateformes de téléchargement ou de streaming. « Je ne pense pas que nous devons poursuivre les étudiants et les gens jusqu’à leur domicile« , plaidait-il. « Nous voulons rentabiliser l’anarchie d’Internet« . L’idée a fait son chemin, et elle est désormais proposée aux universités, où le nombre de téléchargeurs est le plus élevé.

Warner Music Group fait actuellement le tour des campus universitaires pour proposer d’expérimenter une « licence légale volontaire pour accéder à la musique en ligne« . Piloté par Griffin, le projet aurait déjà intéressé le MIT et les Universités de Columbia, Stanford, Chicago, Washington, Colorado, Michigan, Cornell, Penn State, Berkeley et Virginie.

L’idée serait de laisser les étudiants télécharger autant de musique qu’ils le souhaitent sur n’importe quelle plateforme, y compris les réseaux P2P, contre le paiement d’une redevance prélevée par le FAI du campus, pour tous les étudiants sans exception. La somme serait ensuite répartie par une « organisation à but non lucratif » chargée de collecter l’argent et de la reverser aux labels membres de l’organisation en fonction des estimations de téléchargements fournies par l’Université ou le FAI (par l’observation du trafic sur le réseau ou par sondage, notamment).

« Nous suivons l’Histoire »

Pour faciliter les choses sur un plan juridique, il ne s’agirait pas officiellement d’une licence de téléchargement accordée aux étudiants. Mais d’un engagement à ne pas porter plainte contre eux s’ils téléchargent des œuvres des labels et artistes membres de l’organisation chargée de répartir le montant de la pseudo-licence globale.

Pour être réaliste, la licence légale à la Warner doit réunir le maximum d’universités et le maximum de maisons de disques partenaires. A cet égard, « nous sommes en train de rassembler tous les droits (d’enregistrement et d’édition) des quatre majors du disque et des labels indépendants« , assure Warner Music dans sa présentation aux universités. « Nous suivons l’Histoire. Nous proposons l’approche qui a suivi l’arrivée de l’électricité ; les interprétations, la radio, la télévision, le câble, le satellite et les webradios sont tous financés par des licences légales« .

« La musique crée un précédent que la vidéo, le texte, l’illustration et d’autres pourront suivre et suivront« .

« Nous avons créé une organisation non lucrative pour être clair sur le fait que nous souhaitons opérer avec de bonnes intentions et sans intention lucrative« , assure la maison de disques, qui revendique le soutien d’organisations de défense des droits des internautes comme l’Electronic Frontier Foundation (EFF) ou Public Knowledge. « C’est une réelle trêve dans la guerre entre le contenu et le réseau. Ca relie les intérêts et les buts de toutes les personnes concernées, c’est gagnant-gagnant« .

La présentation faite aux Universités :


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