Alors que l’accès à Android lui sera retiré, Huawei affirme avoir une solution de secours sur les rails.

À moins d’un retournement de situation d’ici trois mois, durée du sursis accordé par les États-Unis dans cet énième bras de fer avec la Chine, Huawei n’aura plus la possibilité de profiter du système d’exploitation Android sur ses smartphones. Google, en tant qu’entreprise américaine, est tenue de suivre les consignes des autorités. Aussi a-t-elle annoncé la révocation de la licence accordée à Huawei.

D’ici là, peut-être que la discussion baissera d’un ton ou deux entre Washington et Pékin. Après tout, Donald Trump, qui est à l’origine de ce bannissement au nom de la sécurité nationale, semble avoir laissé échapper que toute cette agitation n’était qu’une sorte de bluff commercial. Quant à l’équipementier chinois, l’heure est à l’apaisement, avec le souhait d’une désescalade entre les deux parties.

Dans le cas contraire, Huawei devra composer sans Android. C’est évidemment dans ses cordes (le groupe devra composer avec la version open source d’Android – AOSP), mais fastidieux et pas forcément séduisant pour la clientèle : l’entreprise devra bâtir son propre écosystème, compenser la perte des services Google (comme Gmail, Maps et le Play Store) et étoffer l’offre logicielle.

Huawei

Huawei au MWC 2019.

Source : Huawei

Huawei sera-t-il dans les temps ?

La question est de savoir si Huawei peut rebondir suffisamment vite pour fournir une alternative dans les temps. En la matière, un bref imbroglio a eu lieu sur le calendrier de l’équipementier chinois.

Fin mai, le site TechRadar, en s’appuyant sur un responsable de la société au Moyen-Orient, a évoqué l’existence d’une solution de secours dans les cartons de l’entreprise chinoise depuis… janvier 2018. Celle-ci, a-t-il poursuivi, serait même déployable assez rapidement, dès juin. Nos confrères de FrAndroid, qui disposent de leurs propres sources, avaient eu vent de la même échéance.

Mais dans la foulée, d’autres articles, s’appuyant également sur des cadres de l’entreprise, sont venus contester la perspective d’un lancement de l’OS aussi rapide. Le correspondant de CNBC en Chine a rapporté le démenti de Huawei, en rappelant que l’entreprise évoquait plutôt une sortie fin 2019 ou début 2020 — d’abord en Chine, puis dans le reste du monde. Une période également évoquée par FrAndroid, avant que n’émerge l’hypothèse d’une sortie bien plus précoce, avant l’été.

On devine que Huawei, bien qu’il a un plan B dans sa besace, n’est pas en mesure de le mettre en œuvre immédiatement, ayant été pris de cours par l’ordre présidentiel pris à Washington — et peut-être espérant ne pas avoir à le suivre au final, dans le cas d’une accalmie diplomatique sino-américaine. En tout cas, l’OS alternatif nécessite sans doute des ajustements de dernière minute avant de pouvoir être déployé à grande échelle.

Plusieurs inconnues demeurent quant à ce système d’exploitation : comment se passera le déploiement ? Sera-t-il lancé automatiquement ou les mobinautes pourront garder (à leurs risques et périls) Android, même si celui-ci est frappé d’obsolescence, faute de mises à jour ? Quelle sera la place laissée aux applications américaines ? Les éventuelles règles qui les concerneront seront-elles appliquées globalement ou juste pour le marché chinois ?

(mise à jour avec un démenti de Huawei sur une sortie en juin)

Source : Numerama

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