Apple avertit les applications qui enregistrent l’écran de l’usager sans le dire, même pour des raisons légitimes : il faut le consentement des personnes.

Prudence avec les applications que vous installez sur l’iPhone : certaines d’entre elles sont peut-être très indiscrètes. C’est l’avertissement de TechCrunch, qui a présenté le 6 février les conclusions de son enquête sur de grands noms de l’App Store (comme Expedia, Hollister, Abercrombie & Fitch, Hotels.com, etc.). Leur tort ? Ils enregistrent ce qui se passe sur votre écran sans vous le dire.

En réalité, toutes ces applications utilisent les services de Glassbox, une société qui est spécialisée dans l’analyse de l’expérience client. Ses outils offrent la possibilité de revoir en vidéo (en fait, une succession de captures d’écran) le parcours utilisateur lorsque celui-ci se sert de tel ou tel logiciel. Chaque action est ainsi consignée pour qu’elle puisse être analysée par la suite.

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Des applications capturent les actions des utilisateurs à des fins de développement, mais sans le dire.

Cela a évidemment une utilité : l’équipe technique peut ainsi savoir s’il y a un décalage entre ce qu’elle souhaitait faire avec l’interface de l’appli et la façon dont l’usager lambda s’en sert. Cela lui permet aussi de constater de visu un souci quelconque lors du fonctionnement, en revoyant précisément le déroulement de l’incident pour pouvoir le reproduire et le corriger.

Le problème, c’est que tout ceci se fait dans le secret le plus total. À aucun moment les mobinautes ne sont alertés de l’existence de cette fonctionnalité. Et ça, ça ne plaît pas à Apple. Si la firme de Cupertino ne remet pas en cause l’intérêt de ce type de replay pour améliorer l’expérience utilisateur, elle exige par contre qu’une information préalable et explique soit livrée à l’utilisateur.

« Nous prendrons des mesures immédiates si nécessaire »

« Nos directives exigent que les applications demandent le consentement explicite de l’utilisateur et fournissent une indication visuelle claire lors de l’enregistrement, de la consignation ou de toute autre conservation de l’activité de l’utilisateur », a réagi un porte-parole d’Apple. Or, si ces applications ne veulent pas se faire éjecter manu militari de l’App Store, elles ont intérêt à changer très vite de braquet.

La menace est d’ailleurs à peine voilée : « nous avons notifié les développeurs qui enfreignent ces règles strictes de confidentialité, et nous prendrons des mesures immédiates si nécessaire ». L’autre solution qui s’offre aux applications est de retirer tout simplement les lignes de code litigieuses. Selon Techcrunch, Apple a laissé moins d’un jour aux applications pour régler ce problème.

Une affaire qui a une résonance particulière

Toute cette histoire a un écho un peu particulier en France, puisqu’elle rappelle dans les grandes lignes une série de controverses autour de certaines applications très populaires dans l’hexagone. Ici, il ne s’agissait pas d’outils d’analyse de l’expérience client mais de technologies servant au ciblage publicitaire, que Numerama a mis en lumière à partir de l’été 2017.

Là aussi, Apple avait donné de la voix en retirant plusieurs applications de l’App Store pour infraction aux règles de l’entreprise sur la géolocalisation. Car là encore, le consentement des internautes n’avait pas été recueilli proprement, voire pas recueilli du tout. Parmi les applications qui figurent temporairement bannies figuraient Le Figaro, Marmiton ou encore Closer. Depuis, tout est rentré dans l’ordre.

Cette monétisation secrète basée sur la géolocalisation des internautes avait par ailleurs attiré l’attention de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, qui a mis en demeure Teemo, l’entreprise qui a été le point de départ de toute la polémique, mais aussi plusieurs solutions concurrentes, comme Fidzup, Singlespot et Vectaury. Aujourd’hui, la majorité est revenue dans les clous de la loi.

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