L'ARCEP vient de publier une mise en garde adressée aux opérateurs évalués dans son observatoire sur la qualité de service dans l'Internet fixe. Le régulateur s'alarme en effet de l'exploitation commerciale des résultats du rapport, qui hiérarchise de fait les FAI entre eux. Est notamment visé Bouygues, qui a un intérêt à communiquer dessus, au regard de ses excellents résultats.

C'était évidemment prévisible. À la suite du rapport de l'ARCEP sur la qualité de service dans l'Internet fixe, Bouygues Telecom s'est empressé de publier dans les heures qui ont suivi un communiqué laudatif sur son réseau, vantant en particulier "l'excellente qualité de service" dont bénéficient ses clients, fruit du déploiement d'équipements "de dernière génération" et du "travail formidable" de son personnel.

Il faut dire que l'opérateur a de quoi rouler des mécaniques. L'observatoire du gendarme des télécoms a très bien noté Bouygues. Sur les seize critères évalués, le groupe arrive premier ou ex-aequo sur quinze d'entre eux. Parmi eux figurent notamment la navigation sur le web, la lecture de vidéos en streaming, la disponibilité de la ligne ou encore le téléchargement effectué via P2P.

Un premier test imparfait

Le problème, c'est que le test de l'ARCEP n'est pas encore tout à fait au point. Dès la première page, une mise en garde rappelle d'ailleurs que l'analyse de l'autorité de régulation des télécoms est une "version-test (bêta)" tandis qu'un avertissement, publié plus loin, invite "le lecteur à la prudence quant à l’interprétation des données" et lui recommande de citer la méthodologie en cas de reprise des résultats.

Dans notre compte-rendu du rapport, nous avions d'ailleurs relevé quelques éléments invitant à considérer les conclusions du rapport de l'ARCEP avec distance, dans la mesure où le prestataire qui a été choisi pour effectuer les mesures a été rémunéré par les opérateurs eux-mêmes, tandis que certains choix de sites web (et l'exclusion d'autres) sont surprenants.

En outre, la valeur de l'étude est à nuancer dans la mesure où le réseau a été spécialement mis en place pour répondre aux tests. C'est ce qu'a remarqué par exemple Marc Brice sur Twitter à propos des accès FTTLA / Numericable / Bouygues. Ainsi, les mesures qui ont été obtenues ne reflètent pas nécessairement la qualité réelle du réseau, c'est-à-dire celle à laquelle accèdent les usagers.

Considérer les résultats avec prudence

Quoiqu'il en soit, l'ARCEP a dû publier lundi un communiqué pour inviter les opérateurs (et surtout Numericable, sans le nommer) à faire preuve de retenue. "L'ARCEP réitère ses mises en garde quant à l’exploitation à des fins commerciales des premiers résultats de la version-test de son nouvel observatoire sur la qualité des services fixe d’accès à internet", écrit le gendarme des télécoms.

L'ARCEP reconnaît notamment que "la mise en œuvre de ce protocole a mis en lumière un certain nombre de difficultés techniques" et invite à nouveau à ne pas tirer de grandes conclusions sur le réseau de chaque opérateur. D'ailleurs, elle rappelle "que toute diffusion de ces données soit accompagnée des mises en garde méthodologiques mentionnées dans le rapport".

Si la remarque s'adresse a priori à tout le monde, l'ARCEP vise surtout Bouygues Telecom, puisque seul celui-ci a vraiment communiqué là-dessus, sans pour autant mentionner la méthodologie (une note en bas de page précise juste que "pour plus de détails, voir rapport et précisions méthodologiques sur arcep.fr").

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