S’il y a bien un avantage que l’on peut reconnaître aux livres électroniques par rapport aux livres papiers, c’est leur poids. Peut-être qu’enfin grâce à eux Jean-Pierre Pernaut cessera de nous proposer chaque année à la rentrée de septembre le même reportage pré-mâché sur les épaules et les colonnes vertébrales des petites têtes blondes mises à rude épreuve par des cartables toujours surchargés. Avec les livres électroniques, c’est enfin la possibilité pour chaque enfant de ne transporter qu’un écran sur lequel il a accès à l’ensemble des documents nécessaires à son travail scolaire.

Sauf qu’en pratique, ça n’est pas gagné. Le Seattle Times raconte ainsi les retours d’expérience d’étudiants à qui ont été confiés des lecteurs Kindle DX. Il s’agit du lecteur électronique d’Amazon, doté d’un écran de 9,7 pouces (contre 6 pouces pour l’original) avec une résolution confortable de 100 x 824 pixels et 3,3 Go de mémoire interne. Le tout pesant seulement 535 grammes, l’objet semblait parfait… mais les étudiants préfèrent leurs bons vieux livres papier.

Ainsi, « à l’Université de Virginie, 80 % des étudiants en MBA qui ont participé au programme pilote d’Amazon ont dit qu’ils ne recommanderaient pas le Kindle DX comme assistance aux études« , écrit le journal. Si 90 % des utilisateurs se sont dits satisfaits du livre électronique dans leurs moments de détente, ils n’estiment pas que l’appareil est approprié à un usage scolaire.

Ils se plaignent de ne pas pouvoir réaliser facilement des choses très simples et rapides sur un livre papier, comme le fait de prendre des notes dans la marge, de parcourir rapidement les pages, de surligner des passages, ou de bien distinguer les couleurs dans les graphiques.

Sur ce dernier point, une tablette tactile à écran couleur comme l’iPad devrait être plus agréable, au prix d’une autonomie très largement inférieure aux livres à encre électronique monochrome. Mais pour le reste, il faudra faire encore beaucoup de progrès dans l’ergonomie avant que l’usage d’un livre électronique devienne aussi intuitif et pratique que l’usage du papier.

Les étudiants ont aussi identifié un autre problème avec le Kindle : la protection anti-piratage sur les fichiers des livres électroniques. Ils empêchent la revente des livres achetés au prix fort sur Amazon, alors que toute l’économie des livres scolaires (surtout en Amérique du Nord où c’est très bien organisé) repose sur la revente de ses livres à la fin de l’année. Un étudiant sait qu’il ne paiera au final ses livres qu’une fraction du prix neuf. Alors que sur Amazon, les livres vendus 70 $ que l’on trouve à moins de 45 $ d’occasion ne peuvent pas être revendus. Si l’on ajoute en plus le prix du Kindle DX, à 489 dollars… le livre papier a beaucoup d’avantages. Quitte à se faire un peu mal au dos.

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