Vous voyez une plateforme qui communique sur l’ouverture de son API. Vous passez des heures voire des semaines à développer un produit qui exploite cette API pour servir les utilisateurs de la plateforme. Et paf, l’API se referme et c’est tout votre produit qui est bon à mettre à la corbeille.
C’est hélas la mésaventure qu’ont connu de nombreux développeurs qui s’étaient reposés sur l’API de Twitter lorsque le réseau social était encore en forte croissance et misait sur l’aide extérieure pour développer les meilleurs outils.
Lors de son lancement, l’API permettait aux développeurs de faire à peu près tout ce qu’il est possible d’imaginer avec le réseau social, presque sans limitations. Mais à partir de 2012, Twitter s’est refermé sur lui-même en annonçant de nombreuses modifications aux règles d’utilisation de son API, qui ont tué la plupart des clients alternatifs pour laisser l’exclusivité de fait à l’application Twitter officielle et à TweetDeck, racheté par Twitter Inc.
Nous voulons avant tout présenter nos excuses
Le but de l’entreprise était de contrôler l’environnement pour s’assurer que les publicités puissent être affichées correctement. Mais plus récemment, il a aussi bloqué des services comme Politwoops au nom d’un curieux droit à l’oubli accordé aux hommes politiques.
Mais ce faisant, il a surtout perdu la confiance des développeurs qui n’osent plus utiliser une API dont les règles d’utilisation peuvent changer du jour au lendemain, provoquant la ruine de ceux qui misent trop sur sa stabilité.
Mercredi, le co-fondateur et ex-ex PDG de Twitter Jack Dorsey a donc commencé la conférence annuelle Flight dédiée aux développeurs par un mea culpa. « Nous voulons vous parler aujourd’hui, et d’abord et avant tout présenter nos excuses pour notre confusion », a-t-il dit selon les propos rapportés par The Verge. « Nous voulons redémarrer notre relation et nous voulons nous assurer que nous avons appris, que nous vous écoutons ».
Loyauté des plateformes
L’instabilité de l’API de Twitter est un sujet tel que même le Conseil d’État s’en était emparé en France, dans son rapport de 2014 sur les droits fondamentaux à l’ère du numérique. L’obligation d’annoncer à l’avance les modifications substantielles pour permettre aux développeurs d’anticiper les conséquences est l’une des idées fortes du principe de neutralité et de loyauté des plateformes poussé par le Conseil National du Numérique (CNNum), et l’un des critères qu’il souhaite prendre en compte dans l’éventuelle future agence de notation des plateformes.
Une idée qui n’est cependant pas reprise dans l’article 13 de la loi numérique d’Axelle Lemaire sur la loyauté des plateformes, sauf à en faire une interprétation très extensive. Peut-être la future loi Macron 2 sur l’économie du numérique sera-t-elle l’occasion d’y revenir plus nettement.
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