Avec 11-11 : Memories Retold, Bandai Namco propose de vivre la guerre autrement qu’en tuant. Ou quand l’homme est plus important que le soldat.

La guerre et le jeu vidéo forment un mariage qui fonctionne depuis la nuit des temps, et sans cesse alimenté par des franchises qui en ont fait leur gagne-pain. La copieuse pièce-montée n’est donc pas prête de s’effondrer face aux nombreux convives qui participent à la fête. Maintenant, il existe différents moyens de s’approprier la guerre : soit on s’en sert comme d’un prétexte pour défouler, soit on opte pour une approche plus subtile. Moins centrée sur le soldat, davantage sur l’humain.

C’est la proposition ainsi faite par 11-11: Memories Retold, qui pose genou à terre pour faire sa demande audacieuse comme Soldats Inconnus : Mémoire de la Grande Guerre avant lui. On ne sera d’ailleurs pas étonné de retrouver le même homme aux commandes des deux jeux : Yoan Fanise, qui a fondé DigixArt après avoir fait ses armes chez Ubisoft.

Devoir de mémoire

11-11: Memories Retold relate la Première Guerre mondiale et propose d’incarner deux personnages : un jeune photographe en quête de sensations fortes décidé à quitter le Canada pour rejoindre le front de l’Ouest et un technicien allemand qui vient d’apprendre que son fils à disparu dans les tranchées. Indubitablement, les destins vont se croiser au milieu des horreurs alors que les deux hommes n’étaient pas prêts pour les vivre d’aussi près.

Dans notre prise en main, on a un peu tout fait dans 11-11: Memories Retold. Enfin tout sauf tuer des soldats ennemis. Une spécificité qui permet de voir la Première Guerre mondiale sous un autre jour en se rappelant que, durant cette période sombre, il n’y avait pas que des forces militaires qui se tiraient dessus, mais aussi des individus qui oeuvraient dans les coulisses et souffraient autant que les autres. Dans le jeu édité par Bandai Namco, les activités annexes, qui consistent par exemple à apporter de l’eau pour rafraîchir les mitraillettes, sont exclusivement tournées vers la narration. Elles prennent la forme de mécanismes simplistes : là une action contextuelle, ici un mini-jeu.

11-11: Memories Retold // Source : Bandai Namco

11-11: Memories Retold

Source : Bandai Namco

Ce gameplay très en retrait est par ailleurs écrasé par la direction artistique à nulle autre pareille. Chapeautée par Aardman Animations (Chicken Run, Wallace & Gromit, Shaun le Mouton), la partie graphique ne laissera personne indifférent avec ce rendu que l’on pourrait rapprocher d’un tableau à la gouache. Les formes sont volontairement fondues les unes dans les autres, les détails sont noyés et le résultat final accouche d’une succession de tableaux de peinture vivants faisant se rattacher à une impression générale. À une époque où on prône le photoréalisme, 11-11: Memories Retold fige le temps avec une plongée dans le passé immortalisée sous la forme d’œuvres d’art à admirer sans fin. On ne pourra pas lui reprocher son manque d’audace sur ce point.

Après Soldats Inconnus : Mémoire de la Grande Guerre, 11-11: Memories Retold semble bien parti pour être la nouvelle leçon d’histoire ludique qui attaque un sujet majeur sous un prisme inhabituel au-delà du simple exercice artistique. On reprendra des nouvelles le 9 novembre 2018, date à laquelle il sera disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. À deux jours des cent ans de l’Armistice.

11-11: Memories Retold // Source : Bandai Namco

11-11: Memories Retold

Source : Bandai Namco

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