Chaque week-end, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright.

Cette semaine, le Copyright Madness revient sur la Royal Mail et Buckingham qui sont timbrés, Lindsay Lohan qui a enfin compris qu’elle n’était pas dans GTA V ou encore Terry Gilliam qui est maudit avec son projet cinématographique de Don Quichotte. Bonne lecture et à la semaine prochaine !

Copyright Madness

Malédiction. Voilà plus d’une décennie que le cinéaste Terry Gilliam essaie de réaliser une adaptation du célèbre Don Quichotte de Cervantès. Ce projet a connu à peu près toutes les difficultés possibles et imaginables, mais on pensait qu’il allait enfin voir le jour cette année. Une bande annonce est même sortie. Sauf qu’une nouvelle épreuve est apparue et elle pourrait s’avérer infranchissable : en effet, le réalisateur a cédé ses droits à un producteur portugais au tempérament ombrageux, avec lequel il a eu plusieurs différends artistiques ; celui-ci menace à présent d’empêcher le film de sortir en salle. La justice française va devoir se prononcer sur cette affaire d’ici au mois de juin, mais il est déjà certain que le film ne pourra pas être présenté au festival de Cannes. Verra-t-on un jour L’homme qui a tué Don Quichotte ? Cela dépendra si Gilliam arrivera à récupérer ses droits. Le malheureux réalisateur avait réussi à combattre tous les moulins à vent, mais c’est le Copyright Madness qui sera le boss final à combattre…

don quichotte

Don Quichotte.

Mauvaise pub. Le jeu PUBG est la coqueluche du moment. Développé initialement sur PC, l’éditeur a décidé, face au succès rencontré, de poursuivre l’aventure en proposant une version sur smartphone. Comme cela arrive souvent quand une application fonctionne bien, d’autres développeurs ont décidé de sortir des jeux similaires. C’est ce qui s’est passé avec PUBG et celui-ci n’a guère apprécié : il a exigé des éditeurs des applications Rules of Survival et Knivevertisse Out qu’ils les retirent, considérant que ces deux applications représentent une contrefaçon. D’après lui, plusieurs éléments ont été copiés sans autorisation comme les bâtiments, les armes, les paysages ou les vêtements. PUBG dit que c’est de la concurrence déloyale et que ces deux concurrents jouent sur la notoriété de PUBG pour tromper les joueurs. Ce qui est tout de même rigolo, c’est que les deux applis en question auraient été publiées avant PUBG

PUBG

PUBG.

Canada Dry. Le Canada est en train d’envisager un nouveau plan de lutte contre le piratage et il ne fait pas dans la demi-mesure. Le dispositif envisagé prévoit que les fournisseurs d’accès devront travailler directement avec les ayants droit pour bloquer des sites contrefaisants, sans passer par la case justice, c’est tellement plus pratique ! Le problème, c’est que le rapporteur spécial pour les droits fondamentaux de l’ONU s’est penché sur la question et il estime que ce projet pourrait bafouer les libertés. Il fait remarquer que le blocage est en soi un moyen disproportionné, susceptible de nuire à la liberté d’expression. Il ajoute que certains opérateurs télécoms ont des liens étroits avec les industries audiovisuelles, ce qui fait douter de l’impartialité de ces acteurs. On espère que l’hiver canadien gèlera toutes ces mauvaises idées…

CC Rick Harris

CC Rick Harris

Trademark Madness

Timbré. Que serait l’Angleterre sans sa fameuse reine à la silhouette reconnaissable entre mille ? Le service national des postes l’a bien compris, puisqu’il sort une série de nouveaux timbres sur lesquels le profil de la reine apparaît. Mais ils ont également cherché à aller un peu plus loin en cherchant à déposer une marque sur cette royale figure de manière à vendre des goodies comme des mugs ou des serviettes. Consultée sur ce projet, la Reine d’Angleterre n’a visiblement pas apprécié et elle a répondu avec sa politesse légendaire qu’elle trouvait ce dépôt de marque « inapproprié ». Un refus qui tombe mal, puisqu’il coïncide en plus avec l’annonce d’une augmentation du prix des timbres qui a doublé depuis 2006 et la privatisation du service des postes en Angleterre…

reine angleterre elizabeth

CC M T Hurson/Harrisons

Headshot. Lindsay Lohan peut aller se rhabiller. La cour d’appel de New York a rendu une décision plutôt sage dans l’affaire qui opposait l’actrice au studio Rockstar, l’éditeur du jeu vidéo GTA V. Le dernier opus de la saga met en scène une espèce de star qui cherche à se cacher des paparazzis. Cela a suffit à Lindsay Lohan pour y voir une référence à sa propre vie. Elle a essayé de démontrer des ressemblances physiques avec le personnage du jeu vidéo mais le juge a mis un terme à cette dérive et à sa crise d’ego en déboutant l’actrice. Lindsay Lohan doit attendre avec impatience la sortie de GTA VI

GTA V // Source : Rockstar Games

GTA V

Source : Rockstar Games

Patent Madness

Bonne poire. BlackBerry a été écarté du marché des smartphones face à la concurrence implacable d’Apple et Android mais cela ne signifie pas que l’industriel ne s’accroche pas comme un parasite pour essayer de maintenir sa place dans l’écosystème. BlackBerry, en bon troll des brevets, poursuit Snapchat pour violation de plusieurs de ses titres de propriété industrielle utilisés dans sa messagerie BBM. L’entreprise accuse Snap de violer ses technologies concernant les notifications, la publicité ou encore l’affichage sur l’écran. BlackBerry n’est plus un challenger sur le marché des terminaux et cette accusation n’est qu’une vulgaire stratégie pour extorquer de l’argent à Snapchat. Sans compter que BlackBerry a opté pour la même stratégie à l’égard de Facebook, WhatsApp et Instagram… Après tout, le ridicule ne tue pas.

Source : Perzonseo Webbyra

CC Flickr Perzonseo Webbyra

Let the music play. On termine cette chronique avec un troll des brevets qui n’a pas froid aux yeux puisqu’il s’attaque à Deezer, Spotify et SoundCloud pour violation de brevets. Ces derniers portent notamment  sur un gestionnaire de musique et la possibilité pour l’utilisateur d’accéder à des musiques en fonction de catégories, à partir d’une interface graphique. Ces catégories regroupent plusieurs informations comme le titre, l’artiste, le style de musique… Autrement dit, tout ce qui est nécessaire pour pouvoir retrouver un artiste et l’écouter. Comme on le voit, le troll s’attaque à Spotify au moment où la plateforme fait son introduction en bourse. Coïncidence ? Certainement pas !

L'appli Spotify sur  tablette. // Source : Julien Sabardu

L'appli Spotify sur tablette.

Source : Julien Sabardu

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Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

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