Le moins que l’on puisse dire, c’est que la perspective d’une sortie simultanée d’un film au cinéma et en vidéo à la demande est loin de plaire à tous les professionnels du septième art. Ou, plus exactement, à ceux et celles qui gèrent des salles. La preuve : à l’occasion d’une journée consacrée à la chronologie des médias, cet été, des lobbies manifestèrent leur opposition au Day & Date (l’autre nom de la sortie simultanée).
« C’est un faux débat. Il faut laisser sa fenêtre d’exclusivité à la salle de cinéma qui, présente sur tout le territoire, joue un rôle social et culturel de proximité », argue la fédération nationale des cinémas français, qui réunit les exploitants hexagonaux. Elle ajoutait que les expérimentations menées par la Commission européenne « ont été arrêtées » parce qu’elles « n’ont rien donné ».
Un son de cloche identique, quoique plus doux, peut être entendu chez le syndicat des producteurs indépendants : « nous ne sommes [pas] favorables au Day & Date. Notre système est organisé de manière assez complexe. Dès qu’on modifie quelque chose, cela a des conséquence s sur le reste. Il faut donc être assez prudent ». Mais d’autres, comme la société des réalisateurs de films, sont ouverts aux tests.
Bruxelles garde le cap
Tests que la Commission européenne n’a visiblement pas arrêté, contrairement à ce que dit la fédération nationale des cinémas français. En effet, selon les informations d’Édition Multimédi@, Bruxelles soutient toujours les initiatives de sorties simultanées, et de façon continue depuis 2012. La preuve : pour 2017, indiquent nos confrères, 37 projets pour la promotion, la distribution et la visibilité de films européens ont bénéficié de 10 millions d’euros dans ce cadre.
Mais si les expérimentations se poursuivent, les évaluations du Day & Date ne sont pour le moment pas encourageantes. Un expert rattaché au cabinet de Mariya Gabriel, qui à la charge de la société numérique au sein de la Commission européenne, Eric Peters, évoque ainsi un bilan décevant selon des travaux établis en 2014 par le chercheur Thomas Paris et finalisé en 2015 dans un rapport.
Expérimentations décevantes, mais qui s’expliquent par des « difficultés juridiques » (du fait de la chronologie des médias par exemple) et des « résistances » de la part de parties prenantes qui n’ont pas intérêt à voir le cadre évoluer dans ce sens.
« Dans des pays tels que la France ou l’Allemagne, ces expériences doivent s’adapter à la chronologie des médias ou aux conditions du financement public. Dans les pays où il n’y a pas de telles règles, on expérimente des sorties simultanées plutôt pour des films d’auteurs à faible potentiel d’audience » , expliquent ainsi les services de la commissaire européenne.
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