Initié en janvier 2022 avec une deadline fixée au 18 juillet 2023 (puis repoussée au 18 octobre 2023), le rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft coince toujours. Cette opération à 68,7 milliards de dollars, parmi les plus grandes de l’histoire, s’est heurtée à toutes les autorités anticoncurrentielles de la planète. Microsoft a longtemps cru qu’il allait échouer, avant que l’horizon commence à s’éclaircir. L’Union européenne et les États-Unis se sont rangés de son côté, laissant le Royaume-Uni seul contre lui. Tout laissait penser que Microsoft finirait par convaincre les Anglais et deviendrait le propriétaire de Call of Duty et World of Warcraft.
Le 22 août, l’autorité anglais de la concurrence (la CMA) a annoncé maintenir son interdiction initiale, pour « protéger l’innovation et le cloud gaming ». Mais Microsoft ne compte pas s’arrêter là. Le géant américain propose de céder le catalogue d’Activision-Blizzard au Français Ubisoft, afin d’apaiser l’autorité anglaise.
Les jeux d’Activision cédés à Ubisoft+ ?
Le nouvel accord proposé par Microsoft et Activision-Blizzard a de quoi surprendre, puisque Microsoft accepterait de renoncer à une grande partie du catalogue du studio qu’il s’apprête à racheter pour un montant record.
Concrètement, si les autorités anglaises donnent leur feu vert à ce nouveau deal, tous les droits des jeux Activision-Blizzard en cloud gaming seraient cédés à Ubisoft avant que Microsoft ne rachète l’entreprise, ce qui fait qu’Ubisoft+ serait le seul à pouvoir les exploiter. Le Xbox Game Pass dépendrait alors du service d’Ubisoft, au même titre que le PlayStation Plus, qui intègre les jeux d’Ubisoft+ dans son abonnement Premium. Une situation cocasse pour Microsoft, alors propriétaire d’Activision-Blizzard, qui ne pourrait même pas exploiter librement son propre catalogue. Tous les futurs jeux d’Activision-Blizzard prévus dans les 15 prochaines années seraient logés à la même enseigne, avec une vente immédiate à Ubisoft.
Ce nouvel accord pose beaucoup de questions, puisqu’il semble exclure l’Union européenne. En France, qui sera le propriétaire de Call of Duty en cloud gaming ? Si plusieurs services devraient pouvoir le distribuer, rien ne dit qu’Ubisoft+ possèdera les droits. Ailleurs, le service du Français devrait bien être le distributeur officiel, avec Microsoft comme simple client. Les Anglais précisent aussi que Microsoft sera obligé d’adapter les jeux à d’autres plateformes que Windows si Ubisoft le demande.
Ce nouvel accord va-t-il passer ?
Progressivement, Microsoft renonce à l’idée qu’il se faisait de ce rachat, qui était censé lui offrir un catalogue d’exception face à Sony ou Nintendo. Dans l’hypothèse où l’opération finirait par se faire, Microsoft possèderait les jeux d’Activision-Blizzard, mais devrait les partager avec les autres pendant plusieurs années, sans être le propriétaire de leur version cloud.
Le pire dans tout ça est que les Anglais pourraient une nouvelle fois bloquer l’opération. La CMA fixe une nouvelle deadline au 19 octobre, comme celle de Microsoft, pour examiner la nouvelle opération. Si elle ne leur convient pas, les Anglais pourraient potentiellement enterrer irrévocablement cette opération à 68,7 milliards de dollars.
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