Sans prévenir, sans explications, sans raisons. Google a supprimé de son index tous les articles de Numerama qui traitaient du blocage sur décision administrative d'un type particulier de sites internet, a priori en raison d'un mot employé dans les titres. Une censure robotisée, décérébrée.

Imaginez qu'un jour un dirigeant de Google se lève et décrète au bon matin que tous les articles de presse évoquant un sujet sensible doivent être supprimés de son index, pour ne pas que les internautes puissent les découvrir ou les retrouver en utilisant le moteur de recherche utilisé en France par 95 % des internautes. Impossible ? Pas sûr.

Numerama a découvert ce mardi, tout à fait par hasard, que Google a purement et simplement déréférencé une grande partie des articles dans lesquels nous abordions la question très délicate du blocage sans contrôle judiciaire et sans recours possible des sites sur lesquels seraient diffusés des contenus réprimés par l'article 227-23 du code pénal. Le sujet avait été particulièrement vif au moment de l'examen de la loi LOPPSI.

Tous ces articles ont pour point commun d'avoir le mot clé "pédopornographie" ou une expression dérivée dans leur titre. Programmé avec la délicatesse d'un tractopelle, le robot-censeur de Google a jugé sans prévenir personne (et surtout pas nous, y compris par les Webmaster Tools) que ces URL devaient forcément contenir des photos ou autres contenus incitant au viol d'enfants, puisque c'était marqué dans le titre. Le simple fait d'utiliser ces mots provoque la désindexation de l'article, y compris chez les internautes qui n'activent pas le "SafeSearch" de Google.

Effacé, donc, notre article qui racontait que 8000 sites ont été bloqués par erreur au Danemark, dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants.

Effacé, notre article sur l'Allemagne qui a renoncé à ce filtrage après avoir compris que c'était un mauvais choix. 

Effacé, notre article qui prévenait que le blocage sur décision administrative et sans contrôle de sites pédopornographiques ne serait qu'une manière d'ouvrir la porte à la censure étatiques d'autres catégories de sites, ce qui se vérifie quatre ans plus tard.

Effacé, notre article qui prévenait que même des associations contre la pédophilie s'opposent au blocage des sites pédophiles.

Effacé, notre article qui dénonçait les arguments hypocrites de Brice Hortefeux.

Effacé, notre article sur la liste des sites bloqués Australie, qui relayait les nombreuses erreurs qui s'y étaient glissées.

Effacé, notre article de fond dans lequel nous expliquions notre opposition au blocage des sites pédophiles.

Effacé, notre article qui expliquait que l'absence de publicité de la liste des sites bloqués était un problème fondamental pour le respect des droits.

Effacé, cet article sur la traque d'images pédophiles par Google sur Gmail.

Et l'on en passe.

Si vous recherchez l'un des ces articles dans Google, les seuls résultats qui ressortiront seront les sites qui ont eu l'amabilité de reprendre l'information pour la relayer (lesquels, curieusement, ne subissent pas le même blocage, qui paraît donc bien ciblé sur Numerama). Par exemples :

Interrogé en début d'après-midi par Numerama, un porte-parole de Google nous a assuré qu'il devait s'agir d'un bug, mais nous attendons des informations plus précises.

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