Le mois dernier, SFR annonçait le lancement d'un nouveau forfait téléphonique dans sa gamme d'offres à bas prix RED. Pour 25,99 euros par mois, la formule sans engagement comprend l'accès au réseau en très haut débit mobile de l'opérateur, un volume mensuel de 5 Go pour accéder à Internet et, plus inhabituel, "la consultation illimitée des vidéos YouTube en 4G".
Ce forfait est désormais disponible dans le commerce et accompagné par une campagne publicitaire sur les réseaux sociaux (en particulier sur Twitter et sur Facebook) et dans l'espace public (comme ici à Paris). Dans ce cadre, SFR concentre sa communication sur l'accès à YouTube en illimité, qui est la principale caractéristique de cette offre.
Mais par cette offre, SFR porte atteinte aux principes de la neutralité des réseaux.
En effet, c'est ici le service marketing de l'opérateur qui détermine ce que les clients attendent le plus de leur service, et qui interdit de fait à des concurrents de YouTube de s'imposer un jour comme une alternative crédible. Offrir l'illimité pour YouTube, et faire payer la consommation des autres services (Dailymotion, Vimeo, Wat…), c'est imposer de fait une barrière à l'entrée, et pénaliser les consommateurs qui font d'autres choix que celui de YouTube pour la consultation ou l'envoi de vidéos.
De l'importance de la neutralité
Internet n'est devenu Internet que grâce au principe de la neutralité des intermédiaires du réseau, qui est la seule garante de la possibilité d'innovation. L'opérateur doit transmettre les données sans en examiner le contenu, sans prendre en compte la source ou la destination, sans privilégier aucun protocole de communication particulier et sans les altérer.
C'est un principe essentiel pour les internautes, libres d'adopter les solutions technologiques de leur choix, et pour les créateurs de ces solutions qui, sans la neutralité, peuvent se heurter aux privilèges accordés à tels ou tels acteurs ou technologies.
Choisir un service offert sur Internet et décider que celui-là seul sera disponible en illimité, c'est violer ce principe. C'est aller vers un Internet à la carte, où l'on choisit au menu les sites ou services qui nous intéressent, sans même savoir les autres possibilités que ces choix rendent invisibles.
Ce n'est pas la première fois que les opérateurs de téléphonie mobile sont accusés d'égratigner la neutralité des réseaux en proposant des formules autorisant l'accès en illimité à quelques services (ou limités à eux seuls), mais pas aux autres. Nous avions par exemple mentionné avec M6 Mobile (déjà pour Facebook et Twitter), Universal Mobile et, plus récemment, Sosh.
Refuser ce type de forfaits est donc un geste sanitaire pour la santé d'Internet.
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