Dirigée depuis plus de 20 ans par Robert Holleyman, la puissante Business Software Alliance (BSA) sera désormais présidée par Victoria Espinel. Elle était, depuis 2009, en charge de la protection de la propriété intellectuelle dans l’administration de Barack Obama.

La lutte contre la corruption ou au minimum contre les conflits d’intérêts a décidément beaucoup de chemin à faire aux Etats-Unis, où les liens incestueux entre l’administration et les entreprises privées sont légion. Preuve en est encore cette semaine l’annonce de l’arrivée de Victoria Espinel à la tête de la Business Software Alliance (BSA), la très puissance association des éditeurs de logiciels aux Etats-Unis, qui regroupe notamment Microsoft, Adobe, Oracle, Apple, IBM ou encore Intel.

Victoria Espinel était en effet, jusqu’à il y a deux semaines seulement, la conseillère de la Maison Blanche sur les questions de protection de la propriété intellectuelle (la « Copyright Czar »). Issue du monde universitaire, elle avait été nommée à ce poste en 2009 pour travailler sur certaines des réformes les plus contestées, telles que les lois SOPA et PIPA. Même si ces textes n’ont finalement jamais été votés par le Congrès, elle a tout de même réussi à mettre autour d’une même table des acteurs de l’industrie culturelle et logicielle avec des intermédiaires techniques et financiers, pour les convaincre de lutter ensemble contre la contrefaçon.

C’est sous son regard qu’ont par exemple été mis en place les mesures destinées à créer une riposte graduée aux Etats-Unis, sans organe étatique. 

Interrogée par Politico.com, Victoria Espinel précise qu’elle avait signé une charte éthique à son arrivée au poste de Copyright Czar, qui lui interdit d’exercer des fonctions de lobbying auprès de Washington pendant deux ans. Mais l’on voit mal comment la directrice de la BSA pourrait ne pas serrer la main d’un sénateur ou d’un membre de l’administration Obama pendant deux longues années. Rien qu’au premier semestre 2013, la BSA a dépensé 730 000 dollars pour faire du lobbying auprès de la Maison Blanche et du Congrès.

De plus, le problème d’un tel recrutement n’est pas seulement l’avenir. Il met en doute l’objectivité d’Espinel lorsqu’elle était encore en poste. Depuis combien de temps un poste aussi prestigieux que celui de présidente de la BSA lui a-t-elle offerte ?

Une chose est sûre, cette nomination confortera les tenants de la théorie du complot, qui jugent Washington totalement corrompu par les lobbys d’Hollywood et du logiciel.

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