Confrontés à leurs effets pervers, les parcs nationaux d’Afrique du Sud songent à interdire les applications qui permettent aux touristes de savoir où se trouvent les animaux sauvages.

La technologie a parfois des effets inattendus. Ainsi en Afrique du Sud, les gestionnaires de parcs naturels — et en particulier du célèbre parc Kruger — se plaignent des applications qui permettent aux touristes de s’échanger en temps réel des informations sur la localisation des animaux, au point d’envisager leur interdiction pure et simple.

Jusqu’à l’arrivée du smartphone, les touristes qui venaient dans les parcs nationaux d’Afrique du Sud se contentaient en effet de suivre les indications des guides, et éventuellement de se rendre sur les lieux qui leur étaient signalés par d’autres touristes qu’ils croisaient au hasard d’une piste en 4×4. Mais depuis qu’Internet est dans la poche de chacun, des applications sont nées qui permettent aux visiteurs de publier des photos de leurs rencontres avec les animaux sauvages, et d’en partager la géolocalisation.

Latest Sightings, l'une des applications Android qui permet de suivre les animaux dans le parc Kruger.

Latest Sightings, l’une des applications Android qui permet de suivre les animaux dans le parc Kruger.

Or ces applications ont des effets très néfastes, et nombreux. Tout d’abord, ils concentrent les touristes aux mêmes endroits des parcs, ce qui n’est pas bon pour la tranquillité des animaux qui se sentent plus traqués que jamais. Ensuite, ils incitent des touristes à rouler à vive allure sur les pistes pour relier points après points, ce qui cause des accidents et tue des animaux renversés par les voitures.

Interdire, mais comment ?

« L’utilisation de ces applications mobiles est en contradiction directe avec l’ethos du tourisme responsable, et nous décourageons leur utilisation puisqu’elle tend à induire un sens malsain de propension des visiteurs à violer les règles », s’agace Hapiloe Sello, le directeur marketing des parcs nationaux d’Afrique du Sud. Certains y verront aussi, bien sûr, une volonté d’annihiler la concurrence technologique faite aux guides touristiques locaux, dont l’emploi est menacé par ces applications.

Juridiquement, il sera difficile pour l’Afrique du Sud d’obtenir la suppression pure et simple de ces applications sur l’App Store d’iOS ou le Google Play d’Android, et plus encore de s’assurer qu’elles ne soient pas utilisées. Mais le pays pourra toujours légiférer à l’échelle nationale, et obtenir que ces applications ne soient plus distribuées sur les versions sud-africaines des boutiques d’applis, ce qui aura un effet limité.

En attendant, l’auteur de l’une des applications les plus populaires du genre, Latest Sightigs, se dit prêt à modifier son appli pour répondre aux préoccupations des gestionnaires de parcs. Il assure l’avoir créée à 15 ans parce qu’il était lui-même passionné par la faune, et n’avoir pas vu le mal dans son utilisation massive. Selon les statistiques de Google Play, son application aurait été téléchargée entre 10 000 et 50 000 fois.

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